On aurait pu croire que la «crise » démontrerait à ceux-là même qui l’ont provoquée l’inanité d’un système qui détruit ce qu’il glorifie, le travail, et pousse à vivre à crédit l’immense majorité de la population mondiale. Rien de tel, bien au contraire. La logique absurde de la concurrence généralisée, guerre de tous contre tous, et d’un marché omniscient, dévorant l’espace public et le monde commun, en sort renforcée, tout particulièrement en Europe, dans la zone Euro, et en France.
Une telle logique poussée jusqu’à son terme porte un nom : idéologie. Elle est un des premiers symptômes du totalitarisme qui a ravagé l’Europe après la crise de 1929. Après la loi de la nature (supériorité d’une race) et de l’Histoire (la mission d’une classe), c’est la loi de ce Moloch moderne le Marché qui étend son emprise et provoque un mouvement qui détruit tout sur son passage.
Ne reste plus à installer que la terreur. Et là il n’est plus fait appel, espérons le définitivement, aux camps de concentration, mais à une approche plus « subtile » comportant deux volets. Un volet extérieur, avec l’instrumentalisation, non encore réussie, de la panique provoquée par un terrorisme abject dont les auteurs ont, à un moment ou un autre, été armés par les « démocraties » qu’ils prétendent combattre. Un volet intérieur avec l’instillation, réussie elle, de la peur de la misère et de l’exclusion à travers la dégradation des conditions de travail, la généralisation de la précarisation et le chômage.
Un tel « totalitarisme en marche » ne se combat pas par les élections. Les élections peuvent même, comme le XXe siècle nous l’a montré en Allemagne, en être l’instrument. Il ne se combat pas non plus en installant une autre domination, comme le XXe siècle nous l’a aussi démontré en Russie.
Il ne peut se combattre qu’en multipliant les actions politiques de toute sorte et de toute dimension en amorçant la puissance collective là où elle peut, à un moment donné, se déclencher. L’entêtement du gouvernement, l’impuissance des syndicats et l’absence des partis politiques, trop paralysés par le jeu institutionnel, laissent le champ libre. Occupons le avec un mot d’ordre simple. Dehors !
Réinventons la politique !
éé
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