Un très bon choix et une bonne surprise que cet album de 1971.
D'abord cette pochette, évocatrice, étrange, et sur laquelle Herbie apparait prenant la pose, à moitié nu, simplement muni de sa flûte négligemment posée sur l'épaule et arborant un sourire aguicheur qui ne laisse aucun doute quant à ses intentions..., artistiques s'entend.
Et puis le label et l'année. Atlantic, 2 ans après le désormais classique "Memphis Underground" de 69 que j'ai découvert dans une discothèque parisienne il y a plusieurs années, un incontournable du genre qui tient bien sa place dans le monde du jazz-funk. Tout ceci semble bien parti et je ne doute pas de retrouver dans ce nouvel opus quelques très bons sons "groovy".
Effectivement, c'est encore le cas avec ce disque où l'on retrouve des reprises de titres comme "What's Going On" de M.Gaye, "What'D I Say" de R.Charles ou "Never Can Say Goodbye" des Jackson Five. Une pléthore d'intervenants tous très différents dont Al Jackson Jr et Donald "Duck" Dunn, respectivement batteur et bassiste de
Booker T. & the MG's, le percussionniste Ralph McDonald (Bill Withers - Grover Washington), ainsi que le très bon guitariste américain Duane Allman, mort peu de temps après la sortie du disque et qui assure tous les solos de l'album.
Un peu comme pour "Memphis Underground", plus que du jazz, il est cette fois-ci question d'un vrai florilège de soul et de musique black qu'affectionne Herbie et auquel il tient à rendre hommage à sa façon tout en proposant 2 titres écrits par ses soins dont le très "funky" "Push Push" qui ouvre l'album de très belle manière et que je vous propose d'écouter dans la playlist du haut.
Toutefois, restons objectif.
Au total, 5 très bons titres contre 3 vraiment ratés et sans aucune originalité. La reprise de David Gates, "If", déjà très dure dans sa version originale, ainsi que celle de Marvin Gaye ou de Clifton Davis pour les Jackson Five n'apportent rien d'intéressant et sombrent plutôt dans le pathos voire la musique d'ascenseur. Pourtant, le reste est réussi et se laisse très facilement écouter.
Finalement, inspiré des standards de R&B américains et pas vraiment révolutionnaire, ce disque est malgré tout très plaisant même s'il reprend pour l'essentiel les structures mélodiques et les bases rythmiques de ce que les précurseurs du genre comme Isaacs Hayes, Curtis Mayfield ou Lou Donaldson avaient déjà entrepris dans leurs albums. A l'époque, la musique soul et la ferveur du rock rencontrent un tel engouement populaire que beaucoup de labels surfent sur cette vague, n'hésitant pas à diversifier leur catalogue en débauchant quelques artistes confirmés de maisons "concurrentes" pour leur savoir faire et leurs qualités de musiciens reconnus. Résultat sur "Push Push", un son maîtrisé, peu de surprise, mais du "groove" et un vrai savoir faire.
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