Comme c'est mon premier article sur SY et que je pars du principe que vous n'êtes probablement pas tous familiers avec ma vie musicale, je me suis dit qu'il était nécessaire de procéder dans un premier temps à une rapide présentation pour clarifier deux-trois choses. Il faut savoir qu'après de jeunes années de musicophile bercées de manière quasi unilatérale par des musiciens et groupes anglais, j'ai fini par prêter allégeance à la cause rock américaine. Force est de reconnaître que j'aime les grosses guitares qui tachent, l'imaginaire, l'histoire et les codes visuels propre à la plupart des artistes de cette nation. Aussi, je ne parlerai probablement pas d'electro, je ne sais pas faire donc je laisse à mes camarades de jeu le soin de commenter des claviers.
Donc sans pour autant vouloir verser dans le sectarisme géographique, il est probable que je décide ici de me concentrer sur l'hémisphère nord américain et ses grands espaces peuplés de guitar heroes solitaires et de préférence mal rasés. Premier arrêt, Philadelphie. Contextualisons un peu: Kurt Vile est à l'origine un des piliers de The War On Drugs, un groupe s'inscrivant dans la plus pure tradition rock américaine analogique et évidemment passablement mésestimé sur nos terres françaises (le contraire aurait été étonnant). Mais Kurt Vile est aussi à l'occasion un vieux loup solitaire qui enregistre souvent seul, ou avec son backing band les Violators, de merveilleux albums pour le compte de Matador. Pour être tout à fait honnête, je préfère d'ailleurs sa production solo. Le titre Hunchback (littéralement "bossu") est une chanson esquintée qui porte donc merveilleusement bien son nom et suinte le cool et l'Amérique par toutes ses pores: organisée autour d'un gros riff lancinant et portée par une voix et des instruments très saturés, elle est extraite de son album Childish Prodigy. Elle mériterait tout simplement de peupler plus d'iTunes.
KURT VILE - HUNCHBACK