Magazine
« Fils de putes français et sexy », Les Eurockéennes ‘10.
Publié le 12 juillet 2010 par SizzlingyouthPour cette 22° édition des fameuses Eurockéennes de Belfort, Sizzling Youth avait dépêché les deux tiers de ses membres. Au programme des réjouissances: 3 jours de concerts et de camping dans des conditions caniculaires. La tache était ardue, mais nous avons su la relever avec un professionnalisme certain. Premier weekend sur la presqu'île du Malsaucy pour Thomas, sorte de retour aux sources pour Juliet après 3 longues années d'abstinence Belfortaine. Pour l'occasion nous avons su nous entourer avec choix: vous aurez peut être entendu parler du #campminou sur Twitter, une organisation pacifiste qui a soulevé quelques vagues bien malgré elle puisqu'elle était essentiellement fondée sur un désir commun de traîner aux mêmes concerts et d'occuper un même emplacement de camping afin de pouvoir se serrer les coudes le matin quand on a tous le visage bouffi par la chaleur et le (manque de) sommeil. Quelques highlights, et une poignée de déceptions mais pas trop non plus, un bon cru en somme, et nous sommes ravis de ne pas avoir fondu pour pouvoir vous rapporter nos impressions.
DAY ONE
J/ La bonne surprise du premier jour vient des Dead Weather, qui se sont distingués avec un show à l'image de cette première journée, suffocant. Le groupe a beau nous laisser complètement indifférente sur disque, impossible de nier le magnétisme qui se dégage d'un personnage comme Jack White en live. T/ Un très bon moment, et surtout qu’Alison Mosshart transpire littéralement le sexe et aspire au viol, mes ami(e)s. Plusieurs de nos compatriotes du #campminou nous ont d’ailleurs confié qu’elles la placent au premier rang de leur « When I’ll be a lesbian ».
J/ Plus tard sur la même scène, Kasabian aura divisé. Le début était certes un peu mou malgré un Shoot The Runner balancé en deuxième position, mais de l'avis des fans leur set fut globalement énorme. C'est, à l'image des Hives, un authentique groupe à tubes, donc taillé pour les festivals.
T/ Les programmateurs n’auraient alors pas pu mieux choisir que de faire jouer à ce moment là les Foals sur la scène de la Plage. Dans une ambiance quelque peu intimiste, Yannis et sa bande vont vite et balancent (trop) rapidement Cassius accompagné de Miami et Total Life Forever. Tellement moins énervés et brouillons qu’il y a deux ans et surtout plus concentrés, leur prestation fut à l’image de leur deuxième album. Les poulains galopent doucement mais surement avec l’intense et frissonnant Spanish Sahara avant de conclure en largesse avec l’hymne Two Steps Twice qui s’est terminé avec une promenade du leader dans la fosse.
T/ A moitié ghetto, on décide de suivre le show du big boss Jay-Z, écrasés dans la pelouse. Le bonhomme envoie du rêve, même sans Beyoncé sur Empire State of Mind ou Jack White avec qui le new-yorkais travaille actuellement. Run This Town, On to the Next One, 99 Problems, Thank You : on connaissait nos classiques ainsi que ses dernières productions et on s’est pas gêné pour lui balancer des triangles.
T/ Pas assez ghetto, on esquive assez logiquement le live de Missy Elliot après avoir été vidé de notre énergie par les geeks de Hot Chip. L’électro-pop automatique des cinq grands garçons nous lessive, obligés de donner de notre personne sur les tubissimes Over and Over, Take It In et Ready for the Floor en conclusion. Nous repartons au camping avec une certitude : NERD can make dance.
DAY TWO
T/ Si mon acolyte Juliet est trop occupée à rattraper sa nuit avachie dans l’herbe, je suis avec une attention certaine la prestation des Broken Social Scene : c’est avec le deuxième album éponyme du collectif canadien que j’ai fait mes armes dans l’indie-pop il y a de ça une demi-décennie. Un concert scotchant, à la hauteur des attentes des initiés au groupe, une mise-en-jambe reposante en ce début de deuxième journée pour les autres, qui représentent plus de trois quarts du public. Explication : les BSS sont le genre de groupes qui ne perceront jamais et qui se cantonneront éternellement à leur notoriété moyenne. Tant mieux pour moi.
J/ Mais c'est seulement avec les Australiens d'Airbourne que commencent les choses sérieuse: les 4 jeunes hommes échappés d'une faille temporelle étaient parmi les rares représentants de l'authentique rock'n'roll gonflé à la testostérone (celui que j'affectionne particulièrement vous savez), ils escaladent volontiers les structures métalliques de la Grande Scène pour vous délivrer leurs solos à 20 mètres au dessus du vide accroché par juste une cuisse, et cerise sur la gâteau ils maîtrisent l'art délicat de s'auto-exploser des canettes de Heineken sur la boîte crânienne d'un air nonchalant. Pendant ce temps mon comparse Thomas a privilégié les Jack Daniels de l'espace presse, mais comprenez le, c'est un homme et forcément certaines choses lui échappent.
J/ C'est donc avec les oreilles bourdonnantes qu'on est allé s'accorder une pause bien méritée à l'ombre des arbres du Club Deville en attendant Memory Tapes. Sensation des blogs musicaux depuis de longs mois, la configuration scénique est minimaliste: Dayve Hawk se charge de la guitare et est simplement accompagné d'un fort enthousiaste batteur pendant que son Macbook se charge de délivrer quelques boucles électroniques. C'est joli, ça calme un peu et ça empêche de passer une heure à chanter les louanges de Joel O'Keeffe.
T/ J’attendais pour ma part énormément du concert de The XX, le groupe #SO2009 #tellementemo. Et mauvaise surprise, le public est tellement trop réceptif que l’ovation en plein Intro est vraiment déplacée et presque ridicule. Je veux dire, the XX, c'est avant tout un groupe de cold pop, le genre de truc dépressif que tu écoutes au casque pour chialer et te faire souffrir pendant une rupture, les dudes tournent parce qu'ils sont dépassés par leur notoriété et que c'est leur job, mais ils sont tout sauf un groupe scénique. Je pars donc rejoindre la grande scène, après Heart Skipped a Beat, complètement dégoûté et désabusé.
J/ Quant aux plus célèbres enfants de Fagersta, les Hives, ils étaient ce soir là amputés de leur fascinant guitariste Nicholaus Arson, victime d'une intoxication alimentaire. Cependant l'absence du grand frère Almqvist et la pluie battante qui leur servi d'ouverture ne les ont en rien handicapé, et ils se sont contenté de délivrer ce qui devait être le set le plus explosif du weekend. Exactement comme en 2007, où du haut de mes 15 ans il m'avait bien fallu quelques mois pour intégrer ce qui s'était produit sur scène ce soir là, Pelle s'est emparé du public en en faisant des tonnes, et a réussi le bel exploit de faire s'asseoir des milliers de festivaliers tout acquis à sa cause. Il faut savoir que c'était sûrement un des groupes les plus fédérateurs du weekend, pas une tête d'affiche au sens premier du terme mais probablement le seul groupe qui n'a pas généré un seul retour négatif. Autre bon point, les quelques titres extraits de leur prochain album (à paraître début 2011 et annoncé comme un retour aux fondamentaux) étaient extrêmement prometteurs.
T/ Epuisés, on fait l’impasse sur les Ghinzu qui n’ont pas laissé un souvenir impérissable l’année dernière au Main Square. Pendant que l’amie Juliet part se coucher afin de se réserver pour son idole JC, on se place au tout premier rang pour lâcher nos dernières forces devant les Lillois de We Are Enfant Terrible. Déchaîné et dégourdi, le trio enchaîne les petites bombes déjà classiques (Snap Dragon, EagleDon’t Sparkle, Wild Child) et leur nouvelles productions alléchantes. Leur chanteuse Clotilde respire la sensualité et ne tarde pas à tous nous rallier à sa cause. Objectivement, il me tarde d’écouter leur premier album après ce dernier concert.
DAY THREE
J/ Les Drums héritent pour ce dernier jour d'Eurockéennes du lourd fardeau qu'est l'ouverture de la Grande Scène, et s'en sortent bien mieux qu'on n'aurait pu l'imaginer. Jonathan et Jacob bougent toujours aussi bizarrement sur scène, mais semblent convaincre la plupart des festivaliers puisqu'ils seront parvenus à attirer presque deux fois plus de monde que les BB Brunes ou Broken Social Scene qui occupaient leur place les jours précédent. Une bonne performance, ils restent sur la bonne voie.
J/ Une heure plus tard c'est Julian Casablancas et ses acolytes du Sick Six qui s'emparent de la scène pour un set a priori honnête bien que beaucoup trop court, le rappel ayant été tout bonnement coupé par un chanteur aux prises avec sa gorge pour cause grippe. Au programme, des titres de Phrazes For The Young, des surprises comme I Wish It Was Christmas Today et une doublé très remarqué de titres des Strokes, à savoir Automatic Stop qui ouvrira leur passage et Hard To Explain. Ces deux là obtiennent clairement la meilleure réponse du public (quoi qu'une amie aura entendu à propos du titre de Room On Fire un consternant "Je crois que c'est une nouvelle chanson celle là, oui".) mais posent quand même un peu problème: Julian étant booké entant qu'artiste solo, on aurait bien aimé entendre au moins Left & Right in The Dark et 30 Minutes Boyfriend. Les Strokes ayant de plus recommencé à jouer ensemble, ce choix n'en est que plus questionnable. Affaire à suivre.
T/ Pas de le temps de récupérer, il faut rapidement composer avec James Nounours Murphy et LCD Soundsystem. L’assistance, que Julian n’a visiblement pas satisfait pleinement, n’y va pas de main morte et c’est la folie furieuse sur l’enchaînement initiatique Us v Them / Drunk Girls. C’est simple, le live a rassemblé le plus de slam du week end. Aucune trace de Dance Yrself Clean, I Can Change sera le seul autre titre de This is Happening interprété, et le groupe conclut logiquement sur Losing My Edge et Yeah. Dément !
T/ Abasourdi mais décidé à s’en prendre encore plus à la tronche, on longe le show de Mika pour se rendre à la Loggia, petite scène cachée entre les arbres, et rejoindre les sauvageons de HEALTH. L’électro noise des quatre nerd de Los Angeles est crade, forte, hasardeuse mais tellement trippante qu’on les trouve presque meilleurs en live qu’en cd, surtout lorsqu’ils terminent en beauté sur Die Slow et USA Boys. On a tellement eu raison de s’aventurer les voir.
J/ Le festival s'achève pour moi sur Fuck Buttons après un très court passage à Empire of the Sun et absence d'intérêt pour Massive Attack. Je demeure couchée sur un reste d'herbe tout le long, car c'est une habitude personnelle de voir Fuck Buttons ainsi, ça m'aide à absorber la musique puis ce n'est pas exactement comme s'il y avait un jeu de scène fascinant. Les gens viennent devant la Loggia pour échapper à la fin de Mika/ début de Massive Attack puis la plupart du temps regrette au bout de 30 secondes d'avoir manqué l'étape bouchons à oreilles et repartent vite fait la queue entre les jambes. Quelques parents téméraires souhaitant probablement préserver leur progéniture de Mika traînent également face à la Loggia. Finalement c'était apaisant, je me suis presque endormie.
T/ La musique du duo de Bristol (le plus ancien des deux) n’est pas non plus mon fort et cet ultime concert du festival fut réellement une révélation à mes oreilles, même si j’ai dû pour cela rater le Surf Solar de Fuck Buttons. Une véritable organisation scénique avec VJ bien réfléchi, penché sur l'actualité. Une expérience enivrante et prenante qui me fait regretter de ne pas m'être déjà plonger dans la discographie de Massive Attack.
Fais gaffe Belfort, on se retrouve l’année prochaine au grand complet puisque le dernier larron Félix a décidé de ramener ses fesses. Pour vous faire une autre idée des Eurocks, direction le TEAzine de Marie et Anne-Val (merci pour les photos) et le site de Tsugi pour la petite histoire racontée par Delphine D.