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L’insomnie des étoiles de Marc Dugain

Par Ngiroux

L’insomnie des étoiles de Marc DugainAutomne 1945, Maria Richter, 15 ans, vit seule sur une ferme qui durant ces années de guerre a perdu son lustre d’antan, «Ce temps-là était pourtant bien le sien, celui d’un monde familier et domestiqué proche du bonheur.  Celui qu’elle avait maintenant ne disait rien sur ce qu’il était et où il la conduisait. La faim, le froid et la solitude pensa-t-elle ne sont pas mes ennemis » Une visite de deux hommes, deux inconnus viendra changer la monotonie de son existence, des hommes de rien, gonflés par les circonstances. Un crime, un viol, un meurtre, lui sauvera la vie. Devant elle, allongé sur le ventre, gisait le cadavre nu du sacrifié, de l’homme élu pour prendre sa place, car c’est ainsi qu’elle le considéra dès l’instant où elle revint à elle. Maria, retrouvée par une garnison française à la capitulation de l’Allemagne, «Je n’ai pas de raison d’être ailleurs ».

Louyre, astronome en temps de paix, capitaine en temps de guerre, intrigué par cette mystérieuse jeune fille affamée retrouvée près d’un corps carbonisé, prête à tout pour retrouver ces lettres nécessaires à son existence,  ces lettres écrites du front russe par son père , prête à se donner au Français,«à cet infâme porc au regard plus éteint qu’une fosse à purin.» Et ce grand bâtiment gris, cette maison de repos, cet hôpital, fermé par décret gouvernemental.  Il y a là des secrets palpitants pour un homme ordinaire menacé d’ennui.

Artisan d’atmosphère, Dugain, dès les premières pages, accroche avec cette écriture acérée, sombre, lugubre.  Il nous plonge rapidement dans ce climat de désolation d’après-guerre, ce calme étrange, ce froid brouillard, qui camoufle du regard où le vainqueur prend plaisir à avilir ce conquérant déchu. « Une sombre affliction enveloppait les passants de sa brume humide.  Leur désarroi était semblable à celui d’un violeur juste après qu’il est accompli son acte, quand vidé de son désir criminel, celui-ci perd son sens.  Ce peuple avait défié les lois de l’apesanteur humaine dans un allègement fanatique ». Finaliste de plusieurs prix littéraires pour 2010, un gagnant peut-être, mais qui vaut sûrement le détour.



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