Les trois frères Farrell, pour une fois en collectif, ont deux expositions en Seine Saint Denis, l’une à Mains d’Oeuvres (Saint-Ouen, jusqu’au 17 décembre), l’autre à la Maison Populaire (Montreuil, jusqu’au 31 octobre). Il y est question d’avion, de décollage et de crash, il y est question d’Irlande, d’Amérique et de dollars. Ce sont deux lieux remplis à profusion, non sans tintamarre et confusion. À Saint-Ouen, on passe par une chicane ornée de rétroviseurs sentencieux (”Caution : Sleeping Policeman ahead” ou “How is gravity related to everything else”) qui, de dos, semblent être des corbeaux de mauvais augure, et on arrive dans un grenier fantastique comme un rêve d’enfant : un avion qui ne volera jamais, des chaussures qui baillent et éructent, des déclenchements intempestifs de bruits et fracas en tout genre. On s’immerge dans des films américains des années 20, pleins de musique et de dollars. Peu importe lequel des trois frères a réalisé ceci ou cela, on jouit simplement de l’expérience.
L’exposition à Montreuil est plus structurée, plus musclée. On y exacerbe ses angoisses : files d’attente anxiogènes, armes confisquées, crash à l’atterrissage, masques à oxygène tombant du plafond, et des amas de lunettes abandonnées. Entre les interdictions, les injonctions et de petits autels un peu religieux aux loupiotes clignotantes, on se sent moins en confiance, livré à je ne sais quel pouvoir menaçant.
Sans doute ne faut-il pas trop d’exégèse ici, mais plutôt une jubilation simple devant les retrouvailles potaches et joyeuses de trois frères encore proches de leur enfance.
À lire : Libération, Télérama, Streetpress
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