Conférence de Charles Gave : « L’État est mort, vive l’état ! »

Publié le 04 octobre 2010 par Lecriducontribuable

Invité par l’Institut Turgot, l’économiste Charles Gave a donné une conférence à l’Assemblée nationale le mardi 28 septembre dernier. Il y présentait son dernier livre : L’État est mort, vive l’état !. Déjà auteur l’an dernier de Libéral, mais non coupable (de la crise financière déclenchée en 2008), ce spécialiste des marchés financiers va plus loin et annonce la cessation de paiement des États hyperendettés, au premier rang desquels l’État français. Le discours rassurant venant de Bercy n’empêche pas la France d’être le troisième émetteur de dette publique au monde, derrière deux économies beaucoup plus grosses que l’économie française : les États-Unis et le Japon. Pour Charles Gave, il fait désormais peu de doute que la dette française est insurmontable.

Il est intéressant de voir comment, et pourquoi, la France s’est laissée entraîner dans la spirale de la dette. À l’aide des graphiques de son livre, Gave a montré l’enchaînement des étapes qui ont conduit la France d’un budget excédentaire en 1974 à une dette publique de 82 % du produit intérieur brut (PIB) en 2010, record en cours. Depuis le choc pétrolier de 1973, le budget de l’État a été structurellement déficitaire, et la crise financière de 2008 n’a fait qu’aggraver une situation déjà bien compromise.

En fait, les systèmes « sociaux », ou plutôt étatiques, de redistribution forcée qui ont été mis en place après la Libération sont fondés sur une croissance du PIB d’au moins 3 %. Or, la France perd depuis trois décennies un demi-point de croissance tous les dix ans, et cela est lié selon Gave à la « pénalisation du profit », notamment par la fiscalité (impôt sur les sociétés de 33 %, etc.).

La pression fiscale qui pèse sur les entreprises finit par décourager les entrepreneurs. Depuis 1988-1989, les rentiers ont gagné deux fois plus que les entrepreneurs, ces entrepreneurs qui alimentent la croissance de l’économie, et par suite les systèmes étatiques de redistribution forcée. Pour le dire simplement : l’État-Providence a largement scié la branche sur laquelle il était assis, et la branche commence à donner de sérieux signes de rupture. Quand rompra-t-elle ? « Entre 2012 et 2017 », répond-il.

Vous pouvez suivre la chronique de ce désastre annoncé sur son blog, auquel il a d’ailleurs donné le même nom que son livre.

À lire également, le compte-rendu de Franck Boizard.