Magazine Humeur

Qui a dit «Elle est bientôt finie cette nuit du Fouquet’s» ?

Publié le 04 octobre 2010 par Kamizole

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LE PEUPLE ! Superbes banderoles du Théâtre du Soleil. Sur le plan esthétique et la qualité des textes choisis. Et avouez que défiler au rythme des tambours, cela donne un peu plus la pêche que les manifs traîne-savates que j’ai toujours eues en horreur et les slogans ressassés ad nauseam. Bravo les artistes ! Guetteurs et tocsin, s’inscrivant en faux contre la «Trahison des clercs» dont parlait Julien Benda. Vous êtes – comme Pierre Bourdieu en décembre 1995 – des “sentinelles citoyennes” vivant les difficultés parmi nous, ce peuple si méprisé par ces fantoches… «Mieux vaut être méprisé et le savoir qu’être méprisé et s’entendre flatter» (Shakespeare, Le Roi Lear).

A-t-il inconsidérément flatté le peuple, Nicolas Sarkozy ! lui parlant notamment pendant la campagne présiden-tielle de la «valeur travail» - lui qui n’a jamais vraiment travaillé de sa vie – et «de travailler plus pour gagner plus» - les salariés étant maintenant invités à travailler plus longtemps pour gagner encore moins une fois à la retraite… Promettant de «faire retraite» comme s’il pouvait y avoir la moindre once de spiritualité chez un être aussi vil uniquement préoccupé de paraître et d’argent. Nous eûmes donc une retraite sur un yacht de luxe à Malte. N’est pas Rancé qui veut.

Et cela après le gigantesque bras d’honneur qu’il nous fit le soir même de son élection : cette fameuse réception au Fouquet’s où furent conviés tout ce que le gotha du COUAC/40 comprenait «d’obligés» : ces véritables «assistés» qui ne vivent que des rentes et facilités fiscales de l’Etat et à qui il renvoyait l’ascenseur… Généreux donateurs du «Premier cercle» qui comme la «Bête en cour» avaient si bien participé au financement – parfois illégal – de sa campagne. N’ayons garde d’oublier qu’Eric Woërth fit alors le pèlerinage Suisse pour collecter les fonds des riches Français, sans s’inquiéter le moins du monde de savoir si cet argent était déclaré ou non au fisc…

Oui, depuis ce funeste 6 mai 2007 nous vivons dans cette «longue nuit dogmatique» - l’ultralibéralisme réel – dont il convient de se/les réveiller. TOUS ENSEMBLE !

Les réveiller ? Ne croyez pas qu’ils soient réformables. Ils sont pourris jusqu’à la moelle, gangrenés jusqu’à l’os . Seul remède : l’amputation. Ou si vous préferez : le solide coup de pied au cul qu’ils méritent : la “recon-duite” – pas à la frontière ! - avec plumes et goudron réservée au “barons voleurs”, tricheurs de tripot de leur acabit. Ils nous méprisent ? S’ils pouvaient seulement mesurer le mépris grandissant qu’ils suscitent parmi le peuple !

Mais même pas honte ! Ils se rassurent avec les chiffres ridicules annoncés par la police… Ce n’est rien : il n’y a pas eu plus de manifestants que les fois précédentes. Et Woërth de camper sur ses positions. «On ne changera rien». Vite dit ! Qu’ils redoutent une grève générale. Seul moyen de les faire plier. Des fois, ça part plus vite que son ombre. «Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort, nous nous vîmes trois mille en arrivant au port» (Rodrigue, Le Cid, Acte IV, scène 3). La poli-tique et le mouvement social ne sont pas au nombre des sciences exactes.

Beaucoup de gens faisaient cette réflexion autour de moi : jamais un président de la République n’a été aussi honni que Nicolas Sarkozy ! Nous sommes bien loin des délirants 70 % d’opinions favorables enregistrés en août 2007… Exactement à l’inverse : quasi 70 % lui sont désormais opposés quelque fussent le sujet et les questions posées. Notamment sur “SA” réforme des retraites… Dont le but est uniquement de rassurer investisseurs, marchés financiers et agences de notation. Bien fait pour sa gueule !

S’il était intelligent – mais cela se saurait ! il est retors, matois, rusé comme un singe mais totalement dénué d’intelligence politique – il aurait fait siens les «Conseils aux politiques pour bien gouverner» de Plutarque (Rivages Poche, 2007 Payot et Rivages) suivi de «A un gouvernant sans éducation»… Nul besoin de préciser à qui cela me fait penser

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Dans la préface de Franck Lemonde (qui a traduit l’ouvrage du grec) je note ce passage savoureux : «Pour ce qui est des fonctions à assumer, Plutarque incite à ne pas accaparer les tâches les plus hautes et, parallèlement, à ne pas mépriser les plus humbles. Humilité certes, mais aussi stratégique de ne pas susciter la lassitude de ses sujets par l’omniprésence»… Je vous assure pourtant qu’il est impossible que Plutarque – né il y a presque deux mille ans à Chéronée en Béotie – ait pu connaître Nicolas Sarkozy

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L’omniprésident étant toujours en première ligne sur tous les fronts, il est normal que contrairement à ses prédécesseurs il morfle à chaque coup de tabac – marin d’eau douce s’aventurant en pleine mer et par forte tempête ; aussi calamiteux que le commandant de la Méduse : la Maison France coule corps et biens. Selon l’expression consacrée par les politologues et spécia-listes de l’histoire constitutionnelle, les présidents de la République restant toujours prudemment en retrait sur les dossiers sensibles, c’était traditionnellement le 1er ministre qui servait de «fusible» quand l’opinion publique grondait trop fort…

J’ai souventes fois écrit que Nicolas Sarkozy – qui n’est aucunement le président de tous les Français comme il se devrait nonobstant son appartenance politique mais se conduit au contraire comme le chef de la meute UMP - était un bien curieux alchimiste qui a l’inégalable art de transformer en vil plomb l’or de tout ce qu’il touche.

Désormais ces mensonges et palinodies incessantes n’abusent plus que le dernier carré de ses fidèles, chiens de garde de l’UMP et grands bourgeois dont il défend les intérêts au mépris des nôtres : 20.000 bénéficiaires du «bouclier fiscal» se partageant 679 millions d’euros tandis que le «bouclier social» = zéro ! pour 8 millions de pauvres survivant avec des revenus inférieurs au «seuil de pauvreté» : 950 euros. En n’ayant garde d’oublier les classes moyennes totalement laminées.

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Nous sommes – le petit peuple - redevenus le Tiers-Etat de l’Ancien Régime. Taillable et corvéable a merci. Pressurés par les impôts que les plus riches se gardent bien de payer… Ou pour des montants tellement dérisoires eu égard à leurs revenus et patrimoines. Sans rien dire de tout ce qu’ils passent à l’as !

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Nicolas Sarkozy ne fait plus aucunement illusion. A chaque fois qu’il pense se refaire la cerise, bien évidemment en prononçant des discours – sa manie, partageant avec les enfants, les insanes d’esprits et certains marginaux la «mentalité magique» qu’il suffirait de penser les choses ou les dire : «j’ai parlé, ya pu de problème» - il est désormais patent qu’il peut bien s’égosiller à perdre haleine, désormais tout le monde s’en fout et se gausse de lui. Il ne fait plus recette, sinon fiscale. Ah ! ça, pour ça, il ne va pas nous louper, le bougre… Tondus rasibus, plumés à sec. Aïe ! Aïe ! Ouille ! Ouille !

J’ai aperçu des autocollants : «ni pauvre, ni soumis»… Pour ma part, je suis pauvre – mais pour autant que je le sache ce n’est pas honteuse maladie ! – mais insoumise de fort ancienne date. Totalement d’accord avec ce vieux slogan «Tout est à nous, rien n’est à eux» lu sur une banderole. Cela remonte à mes années gauchistes – dont je n’ai pas non plus honte. D’abord parce que je n’ai jamais abdiqué l’humanisme chrétien de la JOC ni adhéré le moins du monde à l’idée de «dictature du prolétariat» et ensuite, si l’on n’est pas révolté à 20 ans contre les injustices, l’on risque fort de terminer «vieux cons» ! Dieu m’en garde et à tous ceux qui penseraient que c’est inéluctable, je conseillerais plutôt de voir comment Ariane Mnouchkine s’est dépensée sans compter tout au long de la manif.

Oui, c’est toujours d’actualité, sinon plus encore à l’ère de l’ultralibéralisme triomphant : «Tout est à nous, rien n’est à eux». Ce sont des usurpateurs. De prébendiers “gloutocrates” vivant sur la bête de la même façon que les “fermiers généraux” de l’Ancien Régime qui récoltaient taille et gabelle entre autres. Parasites et véritables “assistés” vivant des généreuses rentes et autres commandes publiques et pressurant tant et plus les con…sommateurs. Ils devraient pourtant y réfléchir à deux fois : avant que d’être des acheteurs et des con…tribuables, nous sommes aussi et sans doute surtout des citoyens.

Encore merci au Théâtre du Soleil de nous rappeler les vertus de la République : liberté, égalité, fraternité. Indispensable viatique en ces temps difficiles où tout est troublé par un relativisme aussi délétère que mortifère : tout n’est pas égal et nous défendrons ces valeurs universelles d’arrache-pied, bec et ongles contre ces prédateurs sans foi ni loi.

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Ils ne créent nullement la richesse – sinon de la fausse-monnaie virtuelle qui fait des petits, lesquels feront encore des petits sans qu’ils se soucient nullement ni de l’économie réelle ni moins encore de satisfaire les besoins des être humains… jusqu’à l’explosion d’un krach… Attendez-vous à ce qu’il y ait des “répliques”, à l’instar de tous les séismes de grande magnitude, les mêmes causes provoquant invariablement les mêmes effets : la spéculation tous azimuts est repartie sur le même pied qu’en 2008.

Je lis d’ailleurs sur le 12 h 15 (supplément économique du Monde) que une mise en garde du FMI au sujet du système financier mondial «décelant encore de multiples et graves problèmes dans l’encadrement du système financier mondial qui n’élimine pas la possibilité d’une nouvelle crise comme celle de 2008». Ce qui corrobore exactement ce que je pense depuis longtemps. Je mets le lien avec le rapport du FMI, malheureusement pour moi écrit en anglais… quand bien même fût-ce ma langue maternelle et alors que de surcroît ma mère l’enseignait, je suis d’une nullité quasi absolue. Je pensais toutefois que le Français faisant partie des langues officielles des organismes internationaux les documents seraient traduits dans la langue de Molière plutôt que dans la «langue des maîtres» (selon l’excellent titre d’un article de Bernard Cassen dans le Monde diplomatique d’avril 1994)… DSK aurait-il opté pour la nationalité américaine ?

Cela relève du même phénomène que la tectonique des plaques : la plaque “économie réelle” sera soulevée par la plaque “finance déjantée” par le jeu de quelque nouveau produit financier à haut risque disséminé comme naguère les morgate subprimes à l’ensemble des places financières, l’onde de choc se propagera avec la même rare violence à l’ensemble des Bourses mondiales. La seule question à laquelle nul ne saurait répondre aujourd’hui étant : Quand ?

«Nous ne sommes rien, soyons tout» ! Secouons les chaînes avec lesquelles ils pensent nous avoir perpétuellement mis “à l’attache”. Même pas dans leurs rêves !

Libres et debout. Ni esclaves ni serfs. Osons sans relâche leur rappeler que la République et la Déclaration des droits de 1789 nous font naître tous «libres et égaux en droits», les distinctions sociales ne pouvant être fondées que sur l’utilité commune, la contribution commune pour l’entretien de la force publique et les dépenses d’administration devant être «également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés».

Ils ne veulent rien entendre ? Qu’importe ! Nous avons le nombre et la légitimité pour nous. S’il demeure tout autant nécessaire – sinon plus aujourd’hui car rarement, sinon il y a déjà plus de 150 ans à l’heure de la Révolution industrielle et des “patrons de droit divin” ceux-ci, Medef et multinationales, n’ont mis en œuvre leur «lutte des classes» avec autant de hargne - de penser en termes de “rapports de forces”, ce qui a été trop longtemps oublié, point n’est besoin pour autant d’avoir recours à la violence comme nous l’enseigne Etienne de La Boétie - fort ami de Montaigne et huma-niste comme lui – dans son «Discours de la servitude volontaire» (encore appelé «Contr’ un»). Anti-violence avant la lettre.

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«Si on ne leur baille (donne) rien, si on ne leur obéit point, sans combattre, sans frapper, il demeurent nus et défaits, ils ne sont plus rien sinon que comme la racine, n’ayant plus d’humeur ou aliment, la branche devient sèche et morte». Lui fait écho Shakespeare (Jules César) : «Tout esclave a en main le pouvoir de briser sa servitude».

Pour retrouver la citation exacte, je me suis replongée avec toujours le même délice dans ce texte et au hasard des divers passages soulignés qui décrivent les méthodes du tyran je constate que l’ouvrage pourrait tout aussi bien avoir pour titre avec plus d’actualité : «Contre Sarko» !

Je ne peux que vous inciter à le lire. Le texte lui-même est très court : 40 pages (dans l’édition Garnier-Flammarion de 1983 dont je me sers, l’introduction prend 111 pages !) et malgré les quelques 460 ans qui nous séparent, il est d’une limpidité – sans rien dire de actualité ! - extraordinaire et ne présente aucune difficulté : il suffit de savoir lire et d’avoir le cerveau en bon état de marche.

Certains passages, notamment sur l’amitié – «nom sacré» - «Le tyran n’est jamais aimé ni n’aime (…) elle ne se met jamais qu’entre gens de bien (…) Il ne peut y avoir amitié là où est la cruauté, là où est la déloyauté, là où est l’injustice ; et entre les méchants, quand il s’assemblent c’est un complot, non pas une compagnie ; ils ne s’entraiment pas, ils s’entrecraignent ; il ne sont pas amis, mais ils sont complices (…) encore serait-il malaisé de trouver en un tyran un amour assuré, parce qu’étant au-dessus de tous, et n’ayant point de compagnon, il est déjà au-delà des bornes de l’amitié (…) mais du tyran, ceux qui sont ses favoris n’en peuvent avoir jamais aucune assurance, de tant qu’il a appris d’eux-mêmes qu’il peut tout»… font curieu-sement écho à des citations lues sur les magnifiques bannières du Théâtre du Soleil :

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«A présent des révoltes incessantes lui reprochent ses parjures. Ceux qu’il commande n’agissent que sur commande. Rien par amour. Maintenant il sent son titre qui pend flasque sur lui. Comme la robe d’un géant sur un faussaire nain». William Shakespeare.

«Triste spectacle public. On ne songe plus qu’à soi. Les dignités, les places, l’argent. On prend tout, on veut tout, on pille tout. On ne vit plus que par l’ambition et la cupidité» (Victor Hugo, Ruy Blas).

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Nicolas Sarkozy, Eric Woêrth, Lagarde, toute la clique de l’UM/Posture et du Medef, les multimillardaires du COUAC/40, etc. devraient bien plutôt serrer les fesses… A refuser d’écouter notre colère et ce que souhaite le peuple – magnifiquement résumé en deux pancartes-jumelles : «62 balais : NON ! 2012 : un grand coup de balai !»… Ils paieront ! Tôt ou tard, faute d’entendre cet avertissement de Victor Hugo «Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine»… Tiré, cela ne s’invente pas ! du poème «L’expiation» dans… «Les châtiments».

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Samedi soir, je suis rentrée tard, fourbue mais contente après ce long périple entre République et Nation en passant par République – tout un programme ! – et après m’être attardée assez longuement place de la Nation jusqu’à la dislocation complète en compagnie de notre ami Cpolitic que j’étais bien contente de revoir et des blogueur/euse de ses amis. Et une presque retraitée, auxiliaire de puériculture dans une crèche, au moins aussi bavarde que votre mémé Kamizole et avec qui je me suis trouvée plein de points communs, les XXe et XXIe arrondissements, la place Gambetta, l’hôpital Tenon et Hérold et d’autres lieux de Paris ou de province.

Mon amie Clio qui ne me connaît pas au quotidien me reproche souvent de ne pas assez sortir et de ne vivre que de mes souvenirs. C’est sans doute en partie exact – je n’ai nulle envie de sortir pour sortir - mais quand je sors et comme j’ai le contact très facile, je suis en prise très directe sur la vraie vie des vrais gens.

Je doute qu’elle comprenne quelque jour que je suis une véritable «éponge» s’imprégnant de tout : lectures, informations, discussions avec les amis ou des inconnus, documentaires audio ou télévisés, impressions diverses qui s’agrègent à ces souvenirs et à ce que je sais déjà, me permettant de comprendre, d’anticiper et mettre les choses en perspective dans une pensée que j’espère mieux ordonnée que mon appart…

:)

Je vous invite cordialement à visiter l’article de Cpolitic. Non seulement pour le texte mais aussi pour les photos qui sont splendides… Je ne parle pas de moi, of course mais des bannières du Théâtre du Soleil… que je lui emprunte pour illustrer cet article.

Crédit photo de la manifestation du 2 octobre 2010 Cpolitic

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