Kessel le journaliste, Kessel l'aventurier, Kessel le romancier.
C'est une figure que j'aime et même si parfois certains des romans ont pris des couleurs un peu vieillotes le reporter est toujours là, un reporter d'exception, l'homme à la crinière flamboyante, aventurier avide de grands espaces, homme capabe d'amitié indéfectible.
Pour chaque période Gilles Heuré qui a établit l'édition, mêle romans et textes moins connus parus dans les journaux de l'époque.
J'ai commencé ma lecture par la guerre de 14, pour cette période un reportage fait le 14 juillet 1919, Kessel devant couvrir pour son journal le défilé fêtant la victoire.
Sous l'Arc de Triomphe
Il a passé la nuit dehors, la foule tôt le matin est immense. Le texte apparait aujourd'hui grandiloquent mais il faut se replacer dans la liesse et le soulagement de l'époque et Joseph Kessel n'a jamais voulu le modifier " Il montre comment on écrivait à l'époque où j'avais vingt ans"
Pour vous donner un aperçu , quelques phrases du texte qui est assez court
L'Equipage
Le roman salué lors de sa sortie apparaiî un peu ridé aujourd’hui et vaut sans doute plus par les témoignages sur la vie d’une escadrille et sur les conditions du combat aérien alors que l’aviation était encore balbutiante.
Le jeune aspirant Jean Herbillon fait ses adieux à sa maîtresse dont il ignore jusqu’au nom, il rejoint son affectation dans l’aviation " Il s’était laissé tenté par la séduction de l’uniforme, des insignes glorieux, par le prestige de l’homme ailé sur les femmes."
Il intègre une escadrille de chasse dirigée par le Commandant Gabriel Thélis à peine plus âgé que lui.
La vie de l’escadrille est rythmée par la météo, les vols d’exercices, les essais moteurs, les gestes des mécaniciens et les moments de détente au mess. Le jeune aspirant effectue son premier survol des lignes ennemies "L’ivresse du vol était encore neuve pour Herbillon, la respiration géante du moteur, le tourbillon de l’hélice, le vent furieux, tout cela l’étourdissait d’une vaste et brutale symphonie "
Il devient l’ami du capitaine Maury lui aussi nouvel arrivé, il vont faire équipage. C’est à sa première permission qu’il découvre que sa maîtresse et la femme de Claude Maury ne font qu’un.
Scénario banal et rebattu mais qui qui prend de la densité grâce à Kessel. De très belles pages sur l’amitié entre ces hommes que les risques rapprochent, chacun ayant dans sa main la vie de l’autre.
"Alors ils surent ce que les camarades entendaient par équipage. Ils n’étaient pas simplement deux hommes accomplissant les mêmes missions, soumis aux mêmes dangers et recueillant les mêmes récompenses. Ils étaient une entité morale, une cellule à deux cœurs, deux instincts que gouvernait un rythme pareil. La cohésion ne cessait point hors des carlingues. Elle se prolongeait en subtiles antennes, par la vertu d’une accoutumance indélébile à se mieux observer et se mieux connaître. Ils n’avaient fait que s’aimer ; ils se complétèrent"
Malgré son côté un peu suranné j’ai eu de plaisir à relire ce roman
Le livre : Reportages, Romans - Joseph Kessel - Quarto Gallimard