Le figaro.fr vient de publier un intéressant article sur le
rapport que chacun entretient avec la célébrité et surtout sur le rêve
croissant de reconnaissance. Nous serions tous devenus accros à la célébrité. Ainsi,
si vous aussi, vous rêvez d'être célèbre, vous n'êtes pas le seul !
Commentée, enviée, archidiffusée, la célébrité semble être devenue le nec plus
ultra des objectifs contemporains. «C'est la seule valeur qui ne se soit pas
effondrée en 2008» , explique la journaliste Catherine David dans son brillant
essai sur la «pipolisation» de nos esprits (Les
Violons sur le moi, Éd. Denoël).
«La
célébrité rapporte de plus en plus d'argent, et contrairement au pouvoir,
une fois acquise, elle n'est pas remise en question.» Pourquoi une telle force
aujourd'hui ? Relayée par les chiffres croissants de ventes des magazines
s'adonnant au «gossip jet-set», par l'hyperprésence systématique de ceux qui
ont atteint un certain niveau de notoriété, la célébrité se nourrit d'elle-même
tout en reposant de plus en plus souvent sur du vide… Ce culte s'explique
aussi, bien sûr, par des raisons plus personnelles et inconscientes. Depuis
2003, des psychologues anglais et américains travaillent même sur une échelle
du «syndrome d'adoration de la célébrité» (Celebrity Worship Syndrome) pour évaluer
l'importance des troubles liés à cette fascination. John Maltby notamment, de
l'université de Leicester, a établi trois niveaux d'«addiction» aux
people : un niveau de distraction sociale (quand vous vous contentez de
commenter quelques minutes avec vos collègues de bureau la vie de Johnny
Hallyday, par exemple, faisant des célébrités des sortes de liants sociaux) ;
un niveau d'intensité personnelle quand peu à peu vous êtes persuadé de
partager des traits communs ou des liens invisibles avec une ou deux stars que
vous admirez ; enfin un niveau pathologique caractérisé par l'émergence de
pensées compulsives tournant autour de la vie des people.
Immense
désir d'évasion
Autre
marqueur de l'addiction à la célébrité : le nombre croissant de candidats à
la notoriété. Avec les nouvelles technologies, le besoin d'être visible et
populaire s'affiche ouvertement. Les bloggeurs et autres réseauteurs sociaux
entendent bien, eux aussi, occuper le devant de la scène. Quel est le moteur
d'une telle ambition ? On se souvient de Romain Gary racontant dans son
superbe récit La Promesse de l'aube
l'acharnement joyeux et désespéré de sa mère à vouloir faire de lui un grand
homme, une figure illustre, un héros. En réalité, les ressorts profonds de la
soif de notoriété sont multiples ; Stéphane Clerget, pédopsychiatre, les a
analysés à partir de l'enfance de quelques stars. Ils vont d'un immense désir
d'évasion (Franck Dubosc) à la théâtralisation de leur vie pour pouvoir la
vivre (Arielle Dombasle). Le point commun à toutes ces histoires demeure
toutefois l'intense et irrépressible besoin d'être aimé et reconnu.
Car la célébrité apparaît à beaucoup comme un éden artificiel où l'on retrouverait (enfin) les plaisirs de l'enfant choyé. Être un people revient à ne plus se soucier d'argent, à se faire prêter des robes par les grands couturiers, inviter à dîner par les plus grands chefs, voir toutes les portes s'ouvrir devant soi… Et, talqué, embelli, considéré, à se retrouver sous les spotlights, regardé, admiré. «C'est une réelle drogue forte, affirme Catherine David. Comment ne pas s'y accrocher ? »