Au moins trois élèves sur dix abandonnent l’école pour poursuivre leur emploi d’été La part de responsabilité des entreprises
Un jeune décroche et jette aux oubliettes ses manuels scolaires avant même la fin de son secondaire… On pense à la démotivation qui anime ce jeune et à l’incidence qu’aura cette décision sur son cheminement de carrière. Mais se préoccupe-t-on suffisamment des conséquences sociales et économiques d’une telle décision?
Un nombre impressionnant de jeunes quitte les bancs de l’école chaque année. Rappelons les derniers chiffres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui montrent un portait peu reluisant de la situation au pays : un Canadien sur cinq abandonne son parcours scolaire avant d’avoir 19 ans, soit un pourcentage plus élevé que la moyenne des 31 pays de l’OCDE. La belle province fait davantage piètre figure avec un taux de jeunes québécois sans diplôme atteignant 23 %!
Quand le marché du travail séduit trop tôt…
Parmi les raisons qui poussent un jeune à quitter prématurément l’école, il y a évidemment les difficultés scolaires, les problèmes familiaux ou personnels, mais également : le travail! De plus en plus de jeunes se désintéressent de leurs études pour se tourner à temps plein vers le marché du travail, notamment après la période estivale.
La Fédération des commissions scolaires du Québec signale qu'au retour des vacances, au moins trois élèves sur dix, qui ont goûté au marché du travail durant l'été, ne reviennent pas sur les bancs d'école. En effet, il peut être tentant pour un employeur de proposer un poste ou de maintenir le nombre d’heures de travail à l’étudiant qui a fait ses preuves pendant la période estivale. Difficile de se départir de la perle rare quand on a de la difficulté à combler les postes vacants! De leur côté, les jeunes employés peuvent être séduits et trouver valorisant le fait de recevoir un salaire régulier en guise de leur bon travail.
Les répercussions du décrochage scolaire sont de grandes envergures pour l’individu et l’ensemble de la société. Économique parlant, le décrochage coûte cher à l’État canadien : 37 milliard $ par année (source : Le Soleil, 9 février 2009), ce qui comprend notamment les coûts associés à l’aide sociale, à l’assurance emploi ainsi qu’aux pertes de recettes fiscales. Puis, sur le marché du travail, qui crie déjà au manque de relève qualifiée au sein de ses entreprises, le décrochage scolaire ne risque pas d’améliorer la situation.
Une question d’équilibre et d’engagement
Face à cette situation problématique, les entreprises ont une part de responsabilité. Tout en sachant qu’il y a des avantages pour un étudiant d’avoir un emploi à temps partiel (une certaine indépendance financière, davantage d’autonomie, apprentissage de la gestion efficace de son temps, contact avec le monde du travail, meilleure connaissance de ses intérêts et aptitudes, etc.), les employeurs ont la responsabilité de faire preuve d’ouverture et de flexibilité afin de favoriser la conciliation travail-études.
Employeurs, rappelez-vous que quinze heures de travail par semaine constituent un maximum pour ne pas nuire à la réussite de vos employés étudiants. Programmes de stages, de bourses, de mentorat, ainsi que participation à des projets visant à lutter contre le décrochage scolaire sont d’autres moyens qu’ont trouvé certaines entreprises pour s’impliquer dans la réussite éducative des jeunes.
De nos jours, la formation est indispensable. Elle fait partie intégrante de la carrière. Tout d’abord, pour détenir les connaissances et développer les compétences relatives à la pratique d’une profession. Puis, parce que, même en cours de carrière, se perfectionner et se mettre à jour dans son domaine est plus que jamais nécessaire. Il en va du bonheur et de l’épanouissement professionnel de l’individu et de la productivité de nos entreprises!