« La guerre est finie. Nous avons eu de la chance de ne pas mourir. »
Les bombes atomiques, nom bien trop souvent utilisé au singulier, en toile de fond, voilà bien un sujet qui m'aurait fait reposer immédiatement ces cinq minces volumes aux sublimes couvertures.
Quelle surprise de n'y trouver aucune noirceur si ce n'est celle des événements eux-mêmes ! Le style est épuré, la plume souffle les mots, délicates bulles de savons qui résonnent au lecteur en éclatant.
Comment peut-on décrire la vie qui va, la vie qui bat avec autant de profondeur et de sensibilité et en si peu de pages ? Et ces secrets, lourds compagnons d'une vie de solitude, qui se transmettent inconsciemment d'une génération à une autre. En se dévoilant, ils distillent le soulagement mais aussi le doute. Connaissais-je véritablement celui ou celle qui, durant toute une vie, a porté ce fardeau, a abrité ce mensonge ?
Aki Shimazaki raconte avec une belle originalité. Chaque tome narre une histoire différente mais c'est toujours du même récit dont il s'agit. Cinq bobines de fils qui se déroulent, s'enroulent, s'emmêlent et se démêlent. J'ai adoré découvrir un Japon différent de celui qui a subit la propagande occidentale. Un pays digne, parfois trop, qui aime cultiver ses traditions. A découvrir d'urgence.
Tsubaki, tome 1 > Actes Sud, 114 pages, 2005
Hamaguri, tome 2 > Actes Sud, 118 pages, 2007
Tsubame, tome 3 > Actes Sud, 118 pages, 2008
Wasurenagusa, tome 4 > Actes Sud, 125 pages, 2009
Hotaru, tome 5 > Actes Sud, 133 pages, 2009
Prix Ringuet de l’Académie des lettres du Québec
Prix littéraire Canada-Japon du Conseil des Arts
Prix du Gouverneur général 2005
Un extrait...
« Mon fils lui demanda :
- Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement.
Je regardai ma mère. Il me semblait qu'elle blaguait, mais son visage était sérieux. Étonné mon fils dit :
- Vous voulez dire que s'ils en avaient eu trois, ils auraient largué la troisième sur une autre ville du Japon ?
- Oui, je crois que cela aurait été possible.
Mon fils fit une pause et dit :
- Mais les Américains avaient déjà détruit la plupart des villes avant de lâcher les bombes atomiques, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est pendant les mois de mars, avril et mai que presque cent villes avaient été mises en ruine par des B-29.
- Donc, pour eux il était évident que le Japon n'était pas en mesure de continuer le combat.
- Oui. D'ailleurs, les dirigeants américains savaient qu'en juin le Japon tentait, par l'entremise de la Russie, d'engager des négociations de paix avec les Américains. Le Japon craignait aussi d'être envahi par les Russes.
- Alors pourquoi ont-il quand même lâché ces deux bombes, Grand-mère ? Les victimes étaient pour la plupart des civils innocents. Plus de deux cent mille personnes ont été tuées en quelques semaines ! Quelle est la différence avec l'Holocauste des nazis ? C'est un crime !
- C'est la guerre. On ne pense qu'à gagner, dit-elle. »
Elles sont unanimes !
Bellesahi, Chiffonnette, Choco, Clara, George, Jules, Karine, Keisha,
Lael, La Pyrénéenne, Leiloona, Marie, Papillon, Pimprenelle, Tamara, Virginie...
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