Les Posies, groupe powerpop révélé dans les années 90, sont de retour en 2010 avec Blood/Candy, un album moyennement convaincant. Si vous pensiez pouvoir trouver une réincarnation du grunge dans ce groupe, vous vous trompez… les Posies sont bien loin de ce qu’ils nous ont offert en 1993 avec leur single Dream All Day. Tant mieux finalement, le groupe évolue !
De Failure à Dream All Day
Remettons les choses dans leur contexte. Le groupe se forme à la fin des années 80 à Seattle autour des deux guitaristes Jon Auer et Ken Stringfellow… (tiens c’est marrant, on connaît aussi un groupe très connu qui s’est formé à Seattle à la fin des années 80…). Leur premier album au nom autoproclamé (Failure) sort en 1988, mais passera inaperçu par rapport Dear 23, le deuxième album sorti en 1990 sous la direction de John Leckie, producteur connu pour son travail avec les Stone Roses. L’album est subtil et puissant mais son successeur se révélera encore plus percutant. On est en 1993, on parle de Frosting On The Beater qui inclut le tube Dream All Day. Dans le clip, Jon Auer ressemble aux Inconnus période « Vice et Versa » alors que Ken Stringfellow est plus proche du look de Brett Anderson de l’époque (le chanteur de Suede).
Musicalement, ça n’a pourtant rien à voir avec les deux groupes cités ci-dessus. Le single Dream All Day est une mélodie powerpop efficace avec de bons riffs de guitares qui feront le plaisir des plus nostalgiques de l’époque. Souvenirs…
Pour l’anecdote personnelle, c’est le tout premier groupe de rock que j’ai vu en concert, c’était le 1er mars 1994 lors d’une Black Session chez Bernard Lenoir, j’avais 13 ans. A l’époque j’avais une cassette audio avec Frosting on The Beater sur la Face A, et l’album New Wave de The Auteurs en face B. Imaginez l’incompréhension totale de mes camarades de collège qui subissaient la déferlante Boys Band ! Séquence nostalgie.
Dream All Day, rêve éphémère
Dream All Day fonctionne très bien, tourne en boucle sur les radios, est intégré à des compilations grand public du type « Réservoir Rock ». L’album est lui aussi très accrocheur avec des titres comme Solar Sister ou Flavor of The Month. On imagine le groupe lancé pour une renommée qui ne faillira plus. Erreur fatale, le groupe revient seulement en 1996 avec l’album Amazing Disgrace qui ne contient pas de tube aussi évident que Dream All Day. Echec commercial, la maison de disques Geffen lâche les Posies et tout est à recommencer à zéro. (Pour Geffen, pas trop d’inquiétude, ils ont notamment sorti les albums et autres compilations de Nirvana…)
Le groupe se retrouve chez PopLlama, le label indépendant sur lequel ils avaient sorti leur premier album. Par opposition, ils intitulent ce nouvel album Success qui ne réussira pas la mission que le titre semble vouloir imposer. Quelque peu sur le déclin, les Posies reviennent en 2005 avec Every Kind Of Light dont deux titres seront d’ailleurs intégrés par défaut à Windows Vista, ce qui sera bien suffisant pour leur faire retrouver leurs lettres de noblesse. Entre temps Ken Stringfellow s’est rapproché du groupe Big Star d’Alex Chilton ou encore de REM.
Blood/Candy, le renouveau ?
A vrai dire, on n’y croit pas beaucoup… Non que la qualité ne soit plus au rendez-vous, mais plutôt parce que les Posies jouent pour le plaisir et non les velléités de contaminer la planète rock. L’album n’est pas désagréable, mais passera sans doute assez inaperçu. C’est plus pop, les compositions sont loin d’être désagréables et pas si basiques que ça (Licences To Hide, accompagné de la chanteuse Lisa Lobsinger qui tourne également avec Broken Social Scene), le tout est assez bien arrangé, la production plutôt sobre. So Caroline ou Cleopatra Street pourraient très bien faire partie du répertoire de Fountains of Wayne. La ballade For The Ashes sonne l’air de rien très Beatles. Le tout est ponctué de titres énergiques comme Take Care of Yourself, Notion 99 ou She’s Coming Down Again ou de compositions plus alambiquées comme Enewetalk, à cheval entre Jingle Bells et les Beach Boys.Les Posies seront en concert demain soir, lundi 4 octobre au Divan du Monde. Places à réserver ici.