La rumeur faisait de ce film, oeuvre de Xavier Dolan, un tout jeune cinéaste de 21 ans, une perle, un miracle, en un mot un chef d'oeuvre. D'ailleurs, il avait été sélectionné pour "un certain regard" à Cannes...
Hélas, trois fois hélas ! Je n'y ai vu qu'une heure trente d'ennui.
Un "couple" d'amis, Marie et Francis, québécois jusqu'au bout des ongles, rencontrent au cours d'une soirée un beau gosse nommé Nicolas, statue d'Apollon animée... et qui, en deux phrases, laisse entendre qu'il n'est pas complètement dénué de cervelle, ce que la suite du scénario ne confirmera d'ailleurs pas.
S'ensuit l'éternelle histoire du trio amoureux... Nicolas va-t-il assister à une pièce de théâtre avec Marie, et Francis fait la gueule ; plaisante-t-il avec Francis, et Marie aussitôt se sent flouée...
Cette situation ultra convenue pourrait donner lieu à une fable charmante ; d'autant que nos trois "héros" ont des mines tout à fait regardables ; mais voilà : notre jeune auteur procède par collage de mini-plans succints, ignorant visiblement la syntaxe ; il intercale des parenthèses où l'on voit des personnages, qui n'ont rien à voir avec l'histoire, et qui racontent en gros plans leurs propres démêlés sentimentaux sur Internet, dont on n'a que faire.
Ajoutons des scènes à la limite du ridicule (Marie s'efforçant de courir dans la forêt en talons aiguilles, ou Nicolas et Francis se régalant de guimauve fondue sur un feu de bois, dans la plus pure tradition boy-scout), et un parler québécois quasi incompréhensible, et l'on a une idée de la lassitude qui prend le spectateur, après, disons, les vingt premières minutes...