Il est sûr que tenir ces raisonnements en terrain hostile — hostile car occupé majoritairement par des retraités de gauche et aisés sinon riches, peu de vrais exclus de la société de consommation, peu de jeunes qui seront les payeurs de ce qu’on a donné en trop aux riches retraités — dressent contre vous l’ensemble de cette blogosphère.
2 exemples, ici-même Marc :
« Vous oubliez le petit détail qui est qu'un retraité, je parle évidemment d'un salarié, ayant une "grosse" retraite est quelqu'un qui a payé de "grosses" cotisations, ce qui change quelque peu la démarche intellectuelle .....
Dans mon cas et celui de tout cadre moyen-supérieur, le calcul de mes cotisations versées devrait pouvoir couvrir une retraite égale à 54% de mon dernier salaire jusqu'à l'age respectable de 90 ans ..... ce qui entre complètement dans l'esprit de la répartition et me satisfait intellectuellement et socialement parlant.
Vous oubliez un peu vite que la réversion est déjà conditionnée par des plafonds de ressources relativement bas et que tout veuf ou veuf disposant d'une retraite dite confortable ne peut obtenir le moindre kopek sur la pension du défunt, lequel a quand même cotisé durant toute son existence, et que les montants ainsi non réversés tombent dans le pot commun.
Un peu de rigueur intellectuelle ne nuit jamais. »
Ecrit par : Marc | 01.10.2010
à qui j’ai fait la réponse suivante :
« La rigueur intellectuelle, c’est de reconnaître que vos droits, Monsieur Marc, vous ne les avez pas payé bien cher :
Pour la SS, voir
http://onvousditpastout.blogs.nouvelobs.com/archive/2010/09/06/des-retraites-pas-cheres-payees.html
Pour les complémentaires, articles à venir, mais vous avez cotisé à des taux d’appel de 80% contre 125% aujourd’hui, avec un coût salaire de référence/valeur de service du point bien inférieur à celui d’aujourd’hui et vous avez peut-être même bénéficié par ailleurs de la distribution de points gratuits quand votre entreprise augmentait ses taux de cotisation.
Les rentes de réversion : les plafonds de ressources ne concernent que la retraite de base et pas les complémentaires. Et par ailleurs il y a un scandale que personne ne souligne : les pensions complémentaires de réversion au titre du de cujus, ni ses revenus propres dont le survivant hérite, ne sont intégrés dans le plafond, provoquant une INEGALITE scandaleuse entre la femme au foyer d’un mari à gros salaire et grosses retraites et la femme travailleuse : la première n’atteint pas les limites du plafonnement alors qu’in fine elle a des revenus supérieurs à la seconde dont les droits propres la prive de la réversion (article également à venir). »
et ailleurs un pseudonommé momo :
« Il y a uns solution toute simple : tuer les retraités , y compris ceux qui touchent une "grosse retraite" de 400 euros par mois ! »
Ecrit par : momo | 02.10.2010
Mais en réalité, aucun contre-argument sérieux n’est avancé aux articles démonstratifs de ce blog. M’accrocher une breloque d’euthanasieur de retraités n’est pas plus sérieux que d’imaginer que je pourrais considérer qu’une retraite de 400 euros par mois serait à classer parmi les "grosse retraite".
Pour les gens de gauche, il y a des riches et des pauvres, les premiers devant payer pour les seconds, il y a de gros salaires et de petits salaires, les premiers devant payer pour les seconds, MAIS il n’y a pas de grosses retraites et de petites retraites, ou pour le moins les grosses retraites doivent bénéficier du même régime généreux que les petites retraites : on leur a promis dans les années 60, 70 et 80 de grosses retraites, ils disent avoir cotisé pour cela (ce qui est abusif, car ils ont en effet cotisé, mais pas en proportion des retraites promises et tenues en ce qui les concernent), alors on doit leur donner de grosses retraites. Ce n’est pas pour rien qu’on les appelle les soixante-huitards : demander l’impossible, exiger la retraititude gratuite.
Mais la générosité pour tous du passé peut-elle être maintenue aujourd’hui et surtout demain ? Faire payer les riches, c’est bien, mais ensuite où trouvera-t-on les sous pour revaloriser les petites retraites et surtout financer une Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) correcte ? (plus les trous de la SS maladie et le déficit de l’Etat)
Les articles sur la retraite de ce blog ne sont pas une louange des régimes par capitalisation, qui de toute façon ne pourront jamais quel que soit le pouvoir politique se substituer aux régimes par répartition sauf à interrompre immédiatement et totalement le versement des retraites actuelles. Donc dire que la droite umpétiste ou sarkozienne veut remplacer nos régimes par répartition par des régimes par capitalisation est une imbécillité. Les régimes par capitalisation ne peuvent être mis en place qu’en supplément, par les gens ou les entreprises qui ont les moyens d’en payer les cotisations en plus des régimes obligatoires qui sont coincés dans la répartition.
Mais ils sont simplement une critique du dévoiement des régimes par répartition. Les régimes par répartition ont permis de verser après la guerre, et malgré une économie dévastée, des retraites aux personnes âgées en reconstituant fictivement une carrière de cotisations. Ce fut et c’est la possibilité de verser des retraites sans avoir capitalisé au préalable les capitaux nécessaires à ces versements et à la garantie de ces versement. L’intérêt principal est le versement immédiat des retraites dès la mise en place du régime, et l’intérêt secondaire, mais essentiel en certaines périodes, est de ne pas être sensible ni à l’inflation, ni aux risques type Maxwell, Madoff ou subprimes.
MAIS en régime de croisière, le rendement d’un régime par capitalisation ou par répartition est le même. Et c’est là qu’apparaît le dévoiement de nos régime de retraite : non pas de verser immédiatement, sans capitalisation préalable, des retraites, mais d’en fixer le montant à des niveaux trop généreux. Une illusion qui a duré des dizaines d’années du fait de la montée en régime des régimes et de la croissance des trente glorieuses. Et une illusion que l’on voudrait maintenir le plus longtemps possible, mais qui comme une bulle explosera d’autant plus violemment qu’elle le fera plus tardivement. Et ce seront les jeunes qui en seront les victimes.
Les rendements ont déjà été divisés par deux, mais cela reste insuffisant. Et cela était prévisible dès les années 70 (et sans doute même précédemment, mais dans les années 70 c’était une évidence).
Alors les paris sont ouverts sur la date d’explosion de la bulle des retraites.
Mais qui donc est le dindon ?