Après le rendez-vous manqué avec Him & Her début septembre (même si je lis ça et là que la série s'affirme peu à peu, mais je n'ai pas encore trouvé la motivation de poursuivre l'expérience), c'est une nouvelle possibilité de se laisser séduire par une comédie britannique qu'offrait BBC2, ce mardi 28 septembre, en proposant Whites
Je dois dire que tant le concept, que le casting annoncé, avaient attiré mon attention. Ecrite par Oliver Lansley et Matt King, et conçue sur le format classique d'une demi-heure par épisode, si Whites ne m'a pas fait rire aux éclats, elle aura provoqué quelques sourires et m'aura en tout cas permis de passer un agréable moment devant ma télévision. Le potentiel est bien là ; le pilote remplit en plus honnêtement son office : donner envie au téléspectateur de revenir. Si bien qu'à la fin du visionnage, la question était : et si Whites et moi, cela pouvait coller ?
Ayant pour cadre le charme entre chic et pittoresque d'un restaurant de campagne, Whites se déroule, pour la majeure partie de son pilote, dans ce lieu, stratégique par excellence, qu'est la cuisine. Cette dernière est dirigée, de façon plus ou moins lointaine, par Roland White. D'un tempérament versatile, si ses qualités de cuisinier ne font aucun doute, sa capacité de travail et son ardeur à la tâche sont en revanche plus sujettes à caution. Il est certes capable de préparer les plus grands plats... si l'envie l'en prend. D'un naturel dispersé, avec un égo proportionnel à son talent, il peine à se focaliser uniquement sur la bonne marche de ses cuisines. C'est ainsi qu'il passe une bonne partie du pilote à fantasmer sur un livre qu'il rêve de publier et dans lequel il partagerait expériences et conseils.
Avoir les cuisines régentées par un tel patron ne serait sans doute pas viable sur le long terme si le sous-chef Bib ne se dévouait pas à la bonne marche quotidienne des fourneaux, devant trop souvent cumuler ses propres responsabilités avec celles de Roland. Une situation dont la difficulté est d'ailleurs accrue par l'équipe de bras cassés qui officie en cuisine. La femme de Bib, tout particulièrement, trouve que tout cela n'a que trop duré... mais son mari est bien incapable de s'en dépêtrer. Le détachement de Roland exaspère également Caroline, la manager du restaurant. Cependant, si elle traque sans relâche les moments de profonde paresse du chef cuisinier, elle finit généralement invariablement par baisser les bras, attendant la catastrophe annoncée en spectatrice extérieure désabusée.
Whites nous invite à suivre les péripéties vaguement improbables qui rythment le quotidien un brin chaotique de ce petit restaurant. Le charme opère en partie grâce à la manière dont ce décor culinaire est exploité. L'univers décalé s'installe par petites touches, de l'incompétence du personnel employé jusqu'aux demandes quelques peu atypiques de clients commandant des eggless omelettes, de la croisade anti-végétarienne du chef jusqu'à ses efforts pour mettre la main sur la plus improbable des viandes... ce pilote regorge ainsi de ces petits détails, anecdotes savamment distillées qui, sans être hilarantes, sauront provoquer chez le téléspectateur plus d'un sourire. L'atmosphère navigue avec aplomb entre le cocasse et le faussement burlesque, arbitrée par des réparties cinglantes qui manquent rarement leur cible.
Cet instantané des cuisines se révèle donc divertissant. La série s'avère d'autant plus plaisante que les personnages, avec leurs tempéraments opposés, contribuent pour beaucoup à donner une dimension humaine relativement attachante à la série. Ne lésinant pas sur les chutes et ruptures narratives, tout sonne très vivant dans Whites, capitalisant pleinement sur les clashs à répétition, tirades volontairement théâtrales de circonstances et autres mises en concurrence interne venant brouiller certaines hiérarchies. La dynamique entre les personnages fonctionne bien, prêtant naturellement à sourire sans arrière-pensée. S'il manque encore peut-être un peu de consistance à l'ensemble et si l'épisode gagnerait sans doute à des storylines plus conséquentes, pour un épisode d'introduction comme ce pilote, les ingrédients déjà en place laissent entrevoir un réel potentiel.
Sur la forme, Whites propose une réalisation agréable à suivre. De même, la musique est utilisée de façon opportune. En somme, la série bénéficie d'une finition sérieuse.
Enfin, un autre aspect positif de la série, sur lequel elle sait très bien capitalisée, est son casting, chacun s'intégrant parfaitement dans le rôle qui lui est dévolu. Alan Davies (Jonathan Creek) est impeccable en cuisinier pratiquant son art en dilettante. Katherine Parkinson (The It Crowd) joue les managers exaspérées d'une façon naturelle toujours aussi enthousiasmante. Darren Boyd (Personal Affairs, Little Dorrit, Kiss me Kate), et son regard faux-fuyant, est excellent dans son rôle de sous-chef peinant à s'affirmer. On retrouve également à l'affiche Stephen Wight, Isy Suttie (Peep Show) et Maggie Steed (Clatterford, Born and Bred).
Bilan : Le pilote de Whites permet donc au téléspectateur de se glisser sans souci dans cette dynamique des cuisines assez plaisante à suivre. L'épisode provoquera quelques sourires, à défaut de réellement faire rire ; cependant il remplit efficacement sa fonction d'exposition. On s'attache aux personnages introduits et, plus généralement, à l'univers ainsi créé. Reste à la série à concrétiser en apportant aux épisodes suivants un peu plus de consistance. Cependant, avec ce pilote, Whites laisse entrevoir un certain potentiel et semble sur la bonne voie.
NOTE : 6,5/10
La bande-annonce de la série :