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Déprimons dans la tristesse

Publié le 03 octobre 2010 par Francisbf

Halala, les enfants, je me fais vieux. Vieux et rassis. Ma vie est routine. Je traîne sur le net. Je lis des webcomics. Je vais au travail, je tape des trucs sur un ordinateur, je regarde fixement des lignes de code en me disant nom de dieu, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, il en a fait des fautes d'orthographe le zozo qui a écrit les commentaires, haaaa, c'était ça, et je retape des trucs pour dire « en fait, ça veut dire ça », et je fais des schémas avec des logiciels, et je lis un peu les nouvelles sur l'internet, et après tout ça je rentre manger des Prince de Lu chez moi et mettre des croquettes dans la gamelle du chat.

Tout ça ne fait pas vraiment de quoi faire une note de blog, avouez. Voilà tout.

Je me contente de vieillir. Tout le monde m'oubliera, comme une chaussette sous le lit, au fond, du côté du mur, qui prend la poussière. La chaussette qu'on jette à la poubelle quand on la retrouve. Car à quoi bon se trimballer une chaussette poussiéreuse qui ne sait que récriminer qu'elle ne fait que regarder des lignes de code pendant des heures ? A rien. Personne ne voudrait d'une telle chaussette. Personne. Je vais finir seul. Dévoré par le chat de mon oncle. Enfin, sans doute pas, il va me l'enlever bientôt, il y tient trop pour la laisser s'étouffer avec une chaussette. Et je me retrouverai seul, à parler à mon micro-ondes. Je lui demanderai micro-ondes, mon beau micro-ondes, suis-je encore la plus belle du royaume, et il me répondra *ting*, et me servira de la purée chaude. Si c'est pas malheureux.

Je ne sers plus à rien sur la blogosphère, je crois. Je n'y participe plus, dès que j'y vais on ne me montre plus du doigt en chuchotant « c'est lui ! L'homme qui a su mieux que quiconque aider son lecteur à distinguer une yourte d'un yaourt ! »

Ce n'est pas si triste. A la place, on ne me montre plus du doigt, ce qui est plus poli. J'aime autant.

En bref, je n'ai plus rien à vous dire, ou presque. Mais je préfère ne rien dire, sinon tout le monde va réclamer une machine à barbe à papa, et je ne veux pas rendre la France diabétique. On manquerait d'insuline, et les pharmaciens ne se préoccuperaient pas de la prochaine grippe aviaire, tout occupés qu'ils seront à se remplir les poches de gros sous avec leur insuline.

Ha, et sinon, une nouvelle pour ma tata : je me suis mis au comte de Monte Cristo. C'est bien, mais il me manque un tome et je n'ai pas le courage de retourner à la librairie de Dakar. Elle me déprime. Il y a plus de Danielle Steel que de fantasy, science-fiction et fantastique réunis (beaucoup beaucoup plus : 3 rayons contre deux exemplaires de Barjavel). Si j'y retourne, je pleure. Et je suis trop vieux pour pleurer, on me remontrerait du doigt alors que j'ai réussi à dépasser ce stade.

Je crois que je ne sais plus faire une note de blog. Il était nourri de la magie de mon enfance, mais elle disparaît peu à peu, et personne n'est là pour claquer des mains en criant « je crois à la magie des blogs ! Je crois à la magie des blogs ».

C'est triste. Je me lèverai demain. Je retournerai au travail. Je fixerai des lignes de code. Je taperai des tentatives d'explication. Je pleurerai en silence, de grosses larmes couleront sur mon clavier, s'insinueront entre les touches. Et s'évaporeront sans laisser de traces. Et je rentrerai chez moi, manger des Prince de Lu.

La fin. C'est la fin.


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