Un voyage et un demenagement plus tard, me voici de retour! Merci pour vos mots et je m’excuse pour cette absence plus longue que prévu. Mon retour se fait tout en douceur en arpentant la nuit blanche bruxelloise qui, pour cette édition 2010 , a envahi le quartier Sainte Catherine, le quartier des quais qui était autrefois le port de la ville. Les noms des rues conservent le souvenir de la Senne, la rivière bruxelloise, engloutie sous le pavé au cours du XIX siècle. Et les installations participatives les plus réussies que j’ai vues ont, justement, les pieds dans l’eau ( à Vismet).
Le projet de Laurent Taquin et de Bruno Renson “Une goutte d’eau sue” invite le passant à s’interroger sur son rapport à l’eau. Les drôle de mécanismes dans l’eau peuvent être actionnés depuis le bord du bassin. Les passants peuvent tirer avec force sur les levis et ou monter sur les velos pour faire remonter l’eau dans les sceaux, qui, à leur tour, provoquent des sons en cascade, une sorte de souffle de fabrique humaine. Le tout s’insrit sur un fond de reflexion sur la montée des eaux et sur le face à face de l’humain avec la nature poétique, domptée ou violente.
Un pe
u plus loin, Racagnac productions un jeune collectif de scénographes bruxellois, propose une évasion poétique: “Le phare à souhaits”. Sculpture de cinq mètres de haut, le phare est une sorte d’amas de bric et de broc figurant le dernier vestige du port de Bruxelles. Autour de lui flottent des bouteilles, contenant des souhaits que l’on peut pêcher et découvrir. Chacun peut, bien sûr, y contribuer en jetant ses propres souhaits pour Bruxelles à la mer. Une installation singulièrement en phase avec les incertitudes flottantes de la vie politique belge.Au bout de plusieurs heures, le parcours de cette année m’apparait comme un immense labyrinthe d’inattendus où le jeu du hasard a la part belle dans la découverte, car les indications des lieux restent très discrètes. Je pense notamment à l’entrée quasiment invisible de l’installation “Traversées-quatres poèmes dans la nuit” de Didier Lemaire, nichée dans le noir d’une salle de la jeunesse. Sur des afficheurs lumineux, quatres poèmes s’allument dans le silence et dans la nuit. La matière des mots s’écoule sous nos yeux comme un film et le passage furtif de phrases belles et, parfois, surréalistes de Picabia, Michaux, Soupault et Van Ostaijen donne envie de retenir le temps afin de reconstruire les pensées. Un moment poétique incroyable qui me donnait une sensation aigue de l’irréversibilité du temps.
Pour cette édition aux allures décontractées, les activités du “in” (87 selon le site officiel) se combinent avec un “off” un peu brouillon et bon enfant.