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Il y a une chose que l’on ne peut pas retirer à Nicolas Sarkozy : à défaut d’avoir révolutionné l’exercice compassé des vœux présidentiels télévisés (le décor était quasi le même que pour René Coty en… 1957), il a eu le courage de faire son allocution en direct comme l’ont prouvé ses bafouillages et autres inversions de syllabes dignes d’un élève de CE2 frappé de dyslexie…
Sur le fond, personne n’attendait d’annonces fracassantes tant les maigres marges de manœuvre de l’Etat ont été gaspillées depuis cet été en cadeaux fiscaux et autres mesures dogmatiques contre les 35 heures. D’ailleurs d’annonces concrètes il n’y en eu point. En revanche, l’autosatisfaction et l’égocentrisme coulaient à foison (c’est à croire que si le président de la République ne boit pas d’alcool, il s’enivre de son propre parfum tant il a pris un plaisir aussi évident que déplacé à multiplier jusqu’à l’indécence le nombre de "je" dans son discours).
Nous ressortant sa tarte à la crème de la rupture, en la mâtinant, sans doute sous l’influence de sa nouvelle compagne, de références pseudo historico-italiennes, le chef de l’Etat nous a appris que notre "notre vieux monde a besoin d'une nouvelle Renaissance", avant de souhaiter que la France soit l'"âme de cette Renaissance". Pas évident qu’il parvienne à concilier son amour des Rolex et des Ray Ban tape à l’œil avec Chambord et Michel-Ange…
Mais le comble a été atteint lorsque, sans rire et c’est bien cela qui est grave, Nicolas Sarkozy, après avoir expliqué qu’ "avec 2008, c'est une deuxième étape qui s'ouvre : celle d'une politique qui touche davantage à l'essentiel, une politique de civilisation (sic)", a exhorté ses compatriotes à mettre "au coeur de la politique le souci de l'intégration, de la diversité, de la justice, des droits de l'Homme, de l'environnement". Brice Hortefeux et Rachida Dati ont bien dû se marrer en entendant cela…
Mais, dès le lendemain le président de République abandonnait sa chère (+172%) rupture en nous offrant du Giscard pur jus en organisant une réception du Nouvel-An inédite à l'Elysée, où ont été reçus cheminots, agents de la RATP, policiers, gendarmes et pompiers ayant travaillé pendant la nuit de la Saint-Sylvestre. Seuls manquaient les éboueurs, mais faut pas pousser non plus : des noirs qui vident des poubelles auraient probablement ruinés son costard Gucci…
Et pendant ce temps, à peine entré dans 2008 on se dit déjà vivement 2009 (ou plutôt 2012). Mais cela risque d’être long, très long...