Depuis quelques temps, le compostable est clairement devenu un excellent argument de vente. Avec un nombre toujours plus important de consommateurs soucieux de faire de bons choix et de nombreux messages incitant à composter, les produits et emballages, vantant cette nouvelle et intéressante fonctionnalité se multiplient : gobelets jetables, ustensiles jetables, sachets de chips….
Cependant, ce qui semblait tenir d’une promesse « eco-friendly », pourrait parfois s’avérer n’être qu’un leurre. Ainsi, les consommateurs ne devraient pas croire qu’ils peuvent se débarrasser sans problème de ces produits dans leur composteur domestique. En effet, certains produits compostables ne se dégraderont facilement que s’ils sont traités dans des usines de compostages, autrement dit à l’échelle industrielle. Plus inquiétant, certains ne subiront vraisemblablement pas de biodégradation. Du moins, à l’heure actuelle, la preuve scientifique incontestable l’attestant, n’a pas pu être faite.
Le problème finalement se pose de savoir à quelle échelle il faudrait composter. Faut-il continuer d’encourager le compostage à domicile ou passer à la vitesse supérieure et favoriser l’implantation de grandes usines de compostage ? On lèverait alors en partie l’un des freins au compostage en milieu urbain. En effet, en dépit des efforts de nombreux citoyens pour se doter de composteurs dans leur cour-arrière, il y a encore beaucoup à faire pour étendre la pratique aux logements collectifs.
Les municipalités auraient évidemment un rôle crucial à jouer pour organiser la collecte des matières putrescibles. Mais à ces diverses entraves logistiques et organisationnelles, pourrait bien s’ajouter le douloureux phénomène NIMBY. (Not in my Back Yard). À l’instar des sites d’enfouissement, les composteurs industriels sont malaimés de leur voisinage car ils sont à l’origine d’importantes nuisances. Et s’il faut éloigner ces sites de retraitement des déchets organiques le plus loin possible des lieux habités, se posera alors la question du bilan carbone de leur transport.
Bref, il y a fort à parier que dans les années à venir l’on pourrait bien voir surgir la guerre des grands composteurs …