So Cow - Meaningless Friendly (2010)

Publié le 02 octobre 2010 par Oreilles
Aussi foutraque que puisse être l'impression laissée par la première écoute du deuxième Lp de So Cow, l'affaire vaut qu'on dépasse l'a priori, et que l'on se penche davantage sur ce curieux nouveau "projet".
Brian Kelly, jeune irlandais binoclard et poupin, est une sorte de Franck Black séminal sans l'embonpoint, qui a commis cette année son deuxième forfait - le premier étant en fait un recueil de choses parues sur le label Tic Tac Totally Records .
Son univers musical est, à l'image de la pochette de son disque, une sorte d'univers façon Alice in Wonderland : bigarré (l'herbe est rouge, hum...), bordélique et réjouissant. Seul aux commandes en studio, accompagné de deux sbires en live, les chansons de Brian, bien que fulgurantes et rapides comme l'éclair, se révèlent vite jouissives et indispensables sur la durée ; chaque nouvelle écoute viendra conforter et enrichir les précédentes.
A la fois Franck Black pour l'urgence et la concision, So Cow doit aussi beaucoup à certains artificiers légendaires du punk, de Wire aux Saints, pour le grain de voix, la folie furieuse qui réunit aussi bien Terry Hall (Specials), que Badly Drawn Boy, autre contemporain, responsable en son temps de premières chansons pop bricolées et parfaites.
C'est ainsi toute la morgue de ces illustres ainés que Brian kelly convoque sur ces pépites que sont "Start Over" ou bien le nouveau single "Shut Eye, et sa mélodie entêtante dont on ne parvient pas à se défaire. Long d'un peu plus d'une demi-heure, et complété sur les 300 premiers pressages d'un EP plus anecdotique de 3 chansons sous pochette fanzine, cet album, on l'a compris, va à l'essentiel !
Pas d'intro interminable ; a contrario les batteries ou boîtes à rythmes endiablées laissent vite la place aux guitares déchainées et saturées jouées à 100 à l'heure !Toutes les chansons ne dépassent pas les 2', 2'30. Toutes ? Non, il y a cette insensée "International Waters" longue de plus de 7', où d'un riff de guitare tarabiscoté et irrésistible façon Mabuses, le morceau avance en chausse-trappe, breaks impromptus, faux démarrages pour finir dans le portnawak total. Assitôt réhaussé par une autre single potentiel, ce "Dunno" tellement fredonnable qu'il en frise l'évidence.
En règle générale, et n'était le timbre à tessiture humaine de notre homme, les tempos échevelés pourraient vous laisser croire que votre platine vinyle s'est emballée et s'est mise à jouer en 45bpm, sans que vous ne lui demandiez ; c'est particulièrement le cas sur le final de "The Tony Keady Affair", sorte d'illustration sonore de ce que pourrait donner une partouze au sein du Muppets Show !
Ici, Kelly singe la voix de Morrissey sur les choeurs ( "(I Had a) Horrible Feeling"), là, son timbre exagérément hurleur et vindicatif, fait figure de manifeste "jeune" ("Girl Racer"). So Cow joue une deuxième manche sans pitié pour son assaillant, lui assénant coup pour coup dans l'explosif et "Attilesque" "Away Leg". On pense aussi parfos aux Dead Kennedys, pour cette propension à balancer la purée et d'ajouter les rythmiques sans tergiverser, c'est en effet l'un des gimmicks du disque.
Mais ne pas croire que So Cow est un Weezer bis, juste capable au mieux de bons refrains à fredonner en choeur dans le stade en attendant que les équipes apparaissent, au pire de fatiguer son auditeur à coup de riffs convenus. Les parties de guitare, bien que jouées les doigts dans la prise, se révèlent très inventives. Il y a "International Waters", l'excellent "Limboat", et un certain nombre de surprises, au détour de tel refrain haletant.
Loin d'être un chapelet de références (excellentes), ce nouvel avatar de la scène indie pop, sait aussi se révéler là où ne l'attend pas, et sa fraîcheur, conjuguée à un habile talent à composer des mélodies à tiroir et inattendues (l'instru slang qui clôture l'album) font de ce maître de la concision un nom dont on suivra l'évolution avec gourmandise !
En bref : tellement vache, mais si attachant en même temps, le premier véritable album d'un inconnu sans complexe et plutôt doué dans sa capacité à conjuguer vitesse d'exécution et mélodies (en apparence) faciles et instantanément "infectious".

Le Myspace , le site Tic Tac Totally Records

"Shut Eye"

"Dunno" en live