POEMES.
1.
Les écorces s’élancent
Rudes et grenues,
Labourées de silence
En un vieil arbre noir ;
Sur un tronc vigoureux
Buriné par les ans,
Marqué
Par les tourments,
Plein de crevasses et nœuds,
Sillons, squames croûteux, irrégularités
Attirent mon regard
Qui suit
Leurs sombres plaies,
Leurs balafres
En lacis
Plissés, terreux qui errent.
Mais l’arbre, ce costaud,
Cet immobile dur
Demeure confit dans
Sa minéralité ;
Jaloux de ses secrets
De sève immémoriaux
Si bien dissimulés
Sous ses caparaçons
De rugueuse laideur,
Il me semble soudain
Terriblement lointain
Pareil à un vieux faune
Auquel on ne croit plus.
2.
Le soleil s’est glissé sous les nuages gris
il a juste posé sur le zinc bleu des toits
une unique bande fauve, tellement belle !
3.
Le cobra reste longtemps lové sur lui-même
puis, un beau jour, il se redresse et devient
majestueux, toute collerette déployée
revêtu désormais
des attributs d’un roi.
Métamorphosé, il vous fixe
de ses yeux
où l’on lit toute la force de son éveil.
4.
L’aube, qui nous fait croire que tout recommence
écume tiède lavée de tout péché.
5.
Quoi, le bonheur ?
Le bonheur, à l’égal du malheur,
ça s’enfuit…
Et en s’enfuyant, cela fait infiniment
plus mal que le malheur qui largue les amarres…
Patricia Laranco.