" Nuit blanche" est l’un de ces oxymores dans lesquels l’homo contemporeanus festoie en déployant qui de son hédonisme sans avenir, qui d'un bel esprit sans pensée comme tout quidam arborant sans élégance et, dans un bel élan grégaire, le logo d'une marque. Mais il suffit à cet homo là d’être contemporain et de célébrer le rituel de "l’Art Contemporain" pour aussitôt devenir intelligent, revêtir l'uniforme de son optimisme conquérant avant, peut-être,d'arborer un brassard aux couleurs qu'il voudra pour nous dire qui il est.
Celui-ci - homo contemporeanus triomphant - se veut résolument politique : le programme de la « manifestation » décline ainsi tous les aspects du génie citoyen avec ici où là des jeux sur le mot « Republica », une critique des systèmes totalitaires et j’en passe. Si après cette débauche de sens le monde ne s’en trouve pas meilleur, ce sera à désespérer.
Parmi ces oeuvres, on peut citer celle de Wilfredo Prieto, artiste cubain, installée place du Trocadéro. Il va faire flotter tous les drapeaux des pays du monde, en noir et blanc. Ce procédé réduit le nombre de drapeaux à une soixantaine et révèle le fait "qu'en estompant les couleurs, on abolit les différences".
Certes. On se grattera longuement la tête sur l’intensité conceptuelle de cette méditation sur la couleur qui rélègue les peintres d’antan à la préhistoire… Mais, il y a surtout ce mot : « DIFFERENCE »
Et là l’homo contemporeanus que je suis se heurte au collapsus généralisé. On a tant fait, jour après jour, l’éloge de la différence !
Cette « différence » source de toutes les richesses, mère de toutes les batailles... cette différence, socle de l’avenir radieux… et voici que ceux qui prêchaient ceci prônent le contraire !
Abolir les différences? Delanoé déraille, il va finir chiraquien le bonhomme!
Encore une fois je n’y comprends plus rien. Mais avec cette impression étrange que moins je comprends le monde, plus celui-ci me devient lumineux.