L’Autre Monde

Par Ledinobleu

Adepte du kendô, Shu essuie défaites sur défaites, mais il reste convaincu de remporter une victoire un jour… De retour d’un match, il voit une jeune fille perchée au sommet d’une cheminée d’usine désaffectée : intrigué, il y monte à son tour et apprend qu’elle s’appelle Lala Ru. C’est alors que des appareils étranges se matérialisent autour d’eux : malgré son courage et sa détermination, Shu ne parvient pas à libérer sa nouvelle amie et se trouve embarqué de force avec elle pour une histoire au-delà de l’imagination…

Aussi appelé « Moi qui suis là maintenant », d’après le titre américain Now and then, Here and there, cette courte série est réalisée par Akitaro Daichi qui n’en est pas à son coup d’essai et ça se voit : fans de Métal Hurlant et/ou d’aventures post-apocalyptiques qui ne versent pas pour autant dans la violence et l’action gratuite, réjouissez-vous, voilà de quoi vous combler deux ou trois soirées de pur bonheur à la découverte d’un « autre monde » qui ne semble pas si éloigné que ça puisque certains indices tendent à laisser penser que Shu n’a fait que voyager dans un futur « prodigieusement lointain »

Pour ceux qui croient encore que les animes ne sont qu’un fatras d’histoires idiotes pour gamins attardés, le premier tiers de cette histoire de fous vous aidera beaucoup à changer d’avis : tenu responsable par le dictateur psychotique local d’avoir « égaré » le pendentif magique de Lala Ru qui seul peut ramener l’eau dans ce monde asséché – peut-être à cause d’une guerre si lointaine que les habitants en auraient oublié jusqu’au souvenir – Shu se retrouve emprisonné, battu, torturé, enrôlé de force dans une armée d’enfants – car on oublie trop souvent qu’infanterie a pour étymologie l’italien infante qui signifie enfant… – et toutes sortes de pérégrinations peu enviables au cours desquelles il rencontrera Sarah, jeune américaine elle aussi enlevée à son monde à cause de sa ressemblance physique avec Lala Ru et qui servira de jouet sexuel aux troupes du dictateur Hamdo. Quand je vous disais que ce n’est pas pour les gosses…

Les personnages sont très attachants mais ne vous prenez pas trop à ce jeu-là parce-que le taux de mortalité est singulièrement élevé : L’Autre Monde est brut de décoffrage, un rien cynique et ne s’encombre pas de détours inutiles pour proposer un suspense bidon afin de tenir le spectateur en haleine… Les designs méchaniques n’ont rien de vraiment particulier mais collent bien à l’ambiance post-apocalyptique, surtout la forteresse d’Hellywood – qui mérite bien son nom compte tenu de toutes les horreurs qui s’y produisent – résidence et quartier-général du dictateur timbré Hamdo et qui a tout l’air d’être une relique des temps (très) anciens comme cette singulière Lala Ru qui parle si peu et dont on dit qu’elle a plusieurs dizaines de milliers d’années d’âge…

Déserts de sable, faune étrange, villages encaissés dans des canyons, artefacts mystérieux,… Les ingrédients sont connus et archi-connus mais la recette prend bien, très bien même : malgré une partie centrale de l’histoire qui sert de transition de décor et qui ralentit un peu le rythme, l’ensemble de la série se déroule sans réel temps mort et les personnages évoluent comme il se doit mais pas forcément comme on s’y attendrait même s’il y a des exceptions.

À ne manquer sous aucun prétexte !

Note :

Au cas où vous vous poseriez la question, le trailer ci-dessus n’est pas officiel ; j’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé de satisfaisant : si vous avez une adresse à me conseiller, je suis preneur…  ;]

L’Autre Monde, Akitaro Daichi, 1999
Déclic Image, 2006
13 épisodes, env. 26 € l’édition collector

Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka