Les Travailleuses du sexe

Publié le 02 octobre 2010 par Olivier Walmacq

genre: documentaire (interdit aux - 16 ans)
année: 2009
durée: 1h20

A l'époque, Sarkozy était encore Ministre de l'Intérieur: il fait donc voter une loi interdisant le racolage passif. Ce qui inclut la fin de la prostitution dans la rue.
Pourtant, même si ce marché n'est plus (ou alors beaucoup moins) visible dans nos villes, il s'est considérablement développé sur le net.
Des prostituées s'expriment donc sur l'intérêt de cette loi et sur tous les clichés qui entourent le plus vieux métier du monde.

Tout d'abord, il faut distinguer trois grands systèmes en Europe. Un système qui réglemente la prostitution et dans lequel les prostituées ont des droits.
Un système abolitionniste dans lequel on considère que la prostitution peut exister, les travailleu(r)ses n'ayant aucun droit, sauf celui de payer des impôts (exemple: la France).
Et un système prohibitionniste qui interdit toute forme de prostitution.

Certes, les différents témoignages évoquent l'existence de réseaux douteux qui exploitent des filles de façon sordide et qui jouent également sur certains phénomènes d'immigration.
Mais il existe également des travailleuses qui ne sont pas exploitées. Ce qui permet d'évoquer le thème de la soumission. Le client est celui qui paye, qui possède donc de l'argent.
Pour autant, cela ne signifie pas qu'il exerce un pouvoir ou un rapport de domination sur la prostituée.

Or, et c'est là tout le problème, notre société ne se concentre que sur la prostitution et non pas sur la prostituée. La prostituée n'est donc pas considérée comme une personne à part entière.
Se pose alors une autre question: celle de la dignité de ces femmes et de ces hommes qui vendent leur sexe. Cette vision caricaturale de la prostitution se traduit également par une diabolisation des clients, souvent considérés comme des êtres sadiques, pervers et forcément honteux.
Il faut donc prouver par tous les moyens que ce genre d'activité est malsaine, et qu'elle est forcément condamnable.

Pourtant, les différents témoignages relatent également la question du contrat entre la prostituée et le client. Ce contrat de base permet de déterminer un cadre dans lequel le client n'aura pas à s'engager en terme de fidélité ou de morale envers la prostituée.
Ce qui permet d'éliminer un grand nombre de barrières: le client vient pour se faire plaisir et satisfaire un fantasme. Ce qui renvoie à cette notion de facilité que l'on ne trouve pas dans les rapports de séduction. Un exercice toujours difficile et souvent frustrant...
Dans ce rapport client/prostitué, la peur d'être jugé n'existe pas. Cela pourrait se résumer en trois mots: l'acte, l'argent et le récit.
Souvent, le client ressent le besoin d'être considéré et écouté même si la prostituée ne se substitue pas à un thérapeute ou à un psychologue.
Toujours est-il que ces différents témoignages montrent à quel point la sexualité doit être normalisée, formatée et entourée de tabous.
Ce qui engendre évidemment la frustration, le malaise, l'indifférence et l'incompréhension. Un documentaire forcément passionnant sur un sujet toujours polémique.

Note: 17/20