Ce n’est pas moi qui tire la sonnette d’alarme. Vous pensez bien que je n’oserais pas
Selon ce rapport, la reprise de l’emploi sera plus lente que prévue car les programmes d’austérité mis en place ces derniers mois ont eu pour conséquence d’accélérer au niveau mondial un chômage déjà rampant qui ne devrait retrouver le niveau qui existait avant la crise de septembre 2009 – il était déjà bien loin d’être aussi anodin qu’il était prétendu – qu’en… 2015. Le BIT prévient que cela fait planer une menace de crise sociale.
Selon Raymond Torrès, l’auteur principal de ce Rapport 2010 sur le Travail dans le Monde ce ralentissement est dû à «une détérioration sur le front du chômage ces derniers mois en raison du changement des politiques étatiques qui ont abandonné les plans de relance pour des programmes d’austérité – c’est moi qui souligne - C’est un changement fondamental qui n’était pas prévu (…) Avec ces nouveaux nuages sur le rythme des réformes, la reprise de l’emploi qui était attendue en 2013 devrait plutôt arriver en 2015», l’étude précisant qu’il manque encore 8 millions d’emplois pour retrouver les niveaux de2007.
Voilà déjà une sacré pierre dans le jardin de Sarko & consorts ! Je n’ai pas manqué de souligner souventes fois l’incommensurable connerie de la «rilance» de Christine Lagarde ou autrement dit la quadrature du cercle : comment obtenir la relance avec la rigueur et l’austérité maximum. Non moins inintelligent, Nicolas Sarkozy qui affirmait dès ce printemps avec un optimisme béat que la rigueur – mais il ne fallait pas encore prononcer le mot ! – et l’arrêt des politiques de soutien de l’économie et d’aides aux personnes le plus en difficulté se justifiaient par la reprise économique et la décélération – totalement imaginaire ! – du chômage.
Je vous laisse imaginer les ravages que vont faire dans la société les mesures budgétaires annoncées par nos branquignols pour la loi de Finances 2010 et les diverses augmentations de tarifs prévues !
Il ne s’agit plus seulement de la Planète pauvre stricto sensu (8 millions de personnes vivant toujours au-dessous du seuil de pauvreté : 950 euros par mois) mais également des classes moyennes déjà proprement essorées et paupérisées. Prises entre l’enclume du Smic et le marteau des hauts revenus comme le signalait le rapport Cotis en mars 2009. Nous arriverons en 2012… à genoux !
Si vous avez un peu de temps, je vous engage à lire le rapport du BIT dans son intégralité… Pour les paresseux et autres personnes qui n’auraient pas le temps ou l’envie, la Maison Kamizole - qui ne recule jamais devant aucun sacrifice pour la bonne cause – en a extrait quelques passages Ô combien ! significatifs :
«Plus la récession du marché du travail persiste, plus les demandeurs d’emploi ont du mal à trouver un nouveau travail (…) Dans 35 pays où les statistiques sont dispo-nibles, près de 40 % des demandeurs d’emploi sont sans travail depuis plus d’un an et courent donc un risque important de démoralisation, de perte de l’estime de soi et de problèmes psychologiques. Il est important de constater que les jeunes sont proportionnellement plus gravement touchés par le chômage que les autres catégories».
Cela ne fait que confirmer tout ce que j’ai pu lire depuis un certain nombre de mois. Et dans la vie réelle, quand mon amie A. obligée de prendre ce qu’elle trouvait en dépit de sa qualification – il faut faire partie des connards pour oser prétendre que les chômeurs ou allocataires du Rmi ou aujourd’hui du Rsa seraient des feignasses bien contents de vivre fort chichement de tels micro-revenus ! – me disait au téléphone que dans l’Hérault, plus de 1.000 personnes pouvaient postuler pour des jobs de merde lors de forums pour l’emploi ! Mais c’est tout ce qui reste quand les vrais emplois – industriels – ont fichu le camp, délocalisations obligent.
En France, les seniors me semblent au moins aussi touchés que les jeunes par le chômage puisque les entreprises n’en veulent plus et s’en débarrassent plus vite que leur ombre… Ne pas oublier l’asinien Nicolas Sarkozy qui n’a rien trouvé de mieux que crier «haro sur les retraites anticipées» qui coûtaient drôlement moins cher à la collectivité qu’elles furent en partie financées par les entreprises…
Je n’ai pas manqué de souligner que son obsession de relever de 2 ans l’âge de départ à la retraite (62 ans) ainsi que celui de la retraite à taux plein (67 ans) qui constitue un formidable recul par rapport à ce qui prévalait avant 1983 : 65 ans ! allait coûter cher à l’Unedic : entre 440 et 560 millions d’euros… D’autant qu’avec ces nouvelles prévisions du BIT qui contredisent celles de Christine Lagarde quant à la reprise économique et la décélération du taux de chômage, c’est l’hypothèse la plus haute qui devrait tenir la ligne, voire dépasser le chiffre maximum.
Sur le seul plan de l’équité – totalement oubliée par Nicolas Sarkosy et Woërt pour la réforme des retraites qui nous coûtera cent fois plus qu’aux patrons ! – sans même parler des “efforts” demandés au vulgum pecus par la prochaine Loi de finances qui grèveront irrémédiablement le budget de survie des pauvres et classes moyennes - comment ne pas apprécier à sa juste mesure la mise en garde de Juan Somavia, Directeur général du BIT : «L’équité doit être la boussole pour nous sortir de cette crise» qui précise – ce que je pense depuis fort longtemps :
«Les gens sont prêts à comprendre et à accepter des choix difficiles, s’ils estiment que chacun prend sa part du fardeau. Les gouvernements ne devraient pas avoir à choisir entre les exigences des marchés financiers et les besoins de leurs citoyens. La stabilité financière et la stabilité sociale doivent aller de pair. Sinon, ce n’est pas seulement l’économie mondiale mais aussi la cohésion sociale qui seront en péril».
Je ne saurais dire ce qu’il en est dans le reste du monde. Mais Nicolas Sarkozy a toujours le culot d’aller prêcher à l’ONU et au G20 la régulation économique et vitupérer les marchés financiers, lors même que sa réforme des retraites n’a d’autre objet que d’éviter une dégradation de la note de la France par les agence de notation – privées et elles-mêmes soumises à la même loi du marché – et qu’il y soumet d’autant plus la France qu’il a laissé introduire subrepticement par une loi «scélérate» une disposition donnant toute latitude aux sociétés financières qu’elle crée ou adoube pour mettre en place des subprimes Sarkozy.
Bien entendu, ce rapport ne fera pas plus d’effet à Nicolas Sarkozy qu’un “aca d’iau” sur les plumes d’un canard. Il traite par le plus total mépris toutes les admones-tations des organismes internationaux à l’encontre de sa politique fasciste contre les Roms. Pourquoi voudriez-vous qu’il accepte mieux une mise en garde de l’OIT contre sa funeste politique, budgétaire, économique et sociale ?
Mais les mêmes causes produisant les mêmes effets – «qui sème le vent récolte la tempête» Osée 8-7 – je ne serais pas la dernière à bien rigoler quand il se prendra le mouvement social en pleine poire