C'était annoncé: L'entrée de Chypre et de Malte dans la zone euro, aujourd'hui, porte à quinze le nombre de pays de l'Union européenne (UE) ayant adopté la monnaie unique. Onze l'ont choisie en janvier 1999 : l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal.
La Grèce les a rejoints en 2001, la Slovénie, premier des nouveaux Etats membres, en 2007. La Lituanie, l'Estonie et la Lettonie, qui espéraient entrer dans la zone euro en 2007 ou 2008, en ont été empêchées par un taux d'inflation trop élevé. Avec l'arrivée de Chypre et de Malte, la zone euro rassemblera 318 millions d'habitants sur les 493 millions que compte l'UE.
Parmi les anciens Etats membres, seuls le Danemark et le Royaume-Uni sont restés à l'écart, comme les traités leur en donnent le droit, ainsi que la Suède, qui en théorie est obligée d'adopter la monnaie unique. Le Danemark, qui avait voté non au traité de Maastricht avant d'obtenir quatre dérogations, dont l'une concernait la monnaie unique, a refusé une nouvelle fois d'adopter l'euro, par référendum, le 18 septembre 2000. Toutefois, le nouveau gouvernement issu des élections de novembre 2007 a annoncé son intention de reposer, par référendum, la question de l'euro. Des sondages indiquent que la population y serait désormais favorable.
La Suède a dit non par référendum le 15 septembre 2003, à une large majorité. Les conservateurs, qui ont succédé en 2006 aux sociaux-démocrates, ont choisi de ne pas rouvrir le débat. Au Royaume-Uni, l'euro a fait l'objet d'une vaste discussion au sein du gouvernement travailliste.
L'ex-premier ministre Tony Blair, favorable à l'adoption de l'euro, avait promis d'organiser un référendum sur le sujet dès qu'il le jugerait possible. En attendant, il avait invité ses compatriotes à se préparer à cette éventualité. En 2003, Gordon Brown, alors ministre des finances, a estimé que les critères fixés par le gouvernement n'étaient pas remplis. La perspective d'un référendum a été reportée sine die.
L'opinion publique est majoritairement hostile à la monnaie unique. Avant de laisser son poste de premier ministre à Gordon Brown, Tony Blair, interrogé sur l'éventuelle date d'entrée du Royaume-Uni dans la zone euro, a affirmé dans Le Monde du 21 avril 2007 : "La cause de l'euro serait défendable chez nous si le contexte économique devenait favorable en Europe. Hélas, cela n'a pas été le cas depuis dix ans."
RAPPEL: Tous les nouveaux Etats membres sont appelés à rejoindre la zone euro, à partir du moment où ils respecteront les conditions requises. Le traité de Maastricht a défini quatre critères, auxquels doivent satisfaire les candidats : "La réalisation d'un degré élevé de stabilité des prix", "le caractère soutenable de la situation des finances publiques", "le respect des marges normales de fluctuation prévues par le mécanisme de change du système monétaire européen", "le caractère durable de la convergence atteinte par l'Etat membre et de sa participation au mécanisme de change du système monétaire européen".
Ces critères de convergence - taux d'inflation, taux de change, taux d'intérêt - sont précisés dans un protocole annexé au traité. Aux critères monétaires s'ajoutent des critères budgétaires. Les Etats sont soumis aux règles du pacte de stabilité et de croissance, qui sanctionnent les déficits excessifs : le déficit budgétaire ne doit pas excéder 3 % du produit intérieur brut (PIB) et la dette publique 60 % du PIB.
Après Chypre et Malte, la Slovaquie, qui s'est fixé pour échéance le 1er janvier 2009, pourrait être le prochain pays entrant. Le premier ministre polonais, Donald Tusk, a annoncé que son pays comptait adhérer à l'euro "le plus rapidement possible" mais il n'a pas donné de date. La Commission publiera au printemps 2008 des rapports sur l'état de préparation des Etats qui ne remplissent pas les conditions d'entrée dans la zone euro.