La machine diplomatique

Publié le 02 octobre 2010 par Badiejf

On raconte généralement que je suis gentil. Que je suis poli et que je sais me tenir devant le monde, le grand aussi. Mon travail m'amène à circuler dans des sphères remplies de personnes dont le statut (ou la stature) imposerait certains égards, un certain décorum. J'écris 'supposerais', parce que face à ce qui est une évidence pour la plupart, je reste souvent perplexe. Je viens d'une société où 'l'honorable' se mérite davantage qu'il s'attribue en regard d'une fonction. On est donc appelé à faire des pirouettes pour inviter Madame Y, ou des stepettes pour Monsieur X. Les choses se compliquent quand X et Y sont invités à une même rencontre. Qui parle en premier, donc qui parlera en deuxième ? Qui on salue formellement en début d'une réunion ? Quand entonnons-nous l'hymne national ? En plein milieu d'une rencontre, on doit arrêter les échanges pour souligner formellement l'arrivée d'un retardataire important, pas celle d'une autre personne moins importante. Ce genre d'artifice habille une bonne partie des activités auxquelles je suis associé. La machine à formalisme est tellement bien huilée dans ce pays où la communauté internationale joue presque tous les rôles. Les haïtiens raffolent de ces scènes bien léchées, bien orchestrées. Ça contraste tellement avec le foutoir dans lequel 99% de la population survie… Un simple contraste qui s'ajoute à tout ceux que ce couple diplomatique Haïti/Communauté internationale nous offre en permanence.