J’ai évoqué ici ce que le mariage pouvait comporter de représentations positives, idéales peut-être, en tout cas, enthousiasmantes et réjouissantes.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que parfois (trop souvent, même), le mariage peut revêtir des habits plus angoissants, voire effrayants.
Tout d’abord, le mariage peut être vécu comme une charge sociale ou familiale :
Passé un certain âge (souvent la trentaine), ne pas être mariée devient un fardeau, une souffrance, un handicap, qui peut gâcher la vie lorsque notre entourage le souligne trop souvent.
- L’entourage familial, avec des parents qui attendent les petits-enfants, qui attendent de voir leur fille se marier, signe que leur éducation est réussie. Les repas de famille peuvent alors devenir une torture : blague des beaux-frères sur l’absence de mariage et parfois de petit-ami, remarques cinglantes de la mère qui se demande pourquoi sa fille n’est toujours pas mariée, questions innocentes de la vieille tante qu’on voit une fois l’an (« et toi, alors ? »)…
- L’entourage social : collègues, amis, … qui, quand ils ne demandent pas ouvertement « comment ça se fait » qu’on ne soit toujours pas marié, le laissent sous-entendre avec des remarques comme « ah oui, mais toi, c’est parce que t’es pas mariée, donc tu ne sais pas ce que c’est »… Le fait aussi, pour une femme, d’être appelée « Mademoiselle » constitue une pression de plus, une mise en évidence de plus de ce qu’on considère comme une anormalité, voire un échec.
Le mariage est en effet trop souvent perçu comme un signe de réussite personnelle, mais également sociale. Réussite personnelle, parce qu’elle montre que la femme ou l’homme est capable d’être assez aimé(e) pour qu’on s’engage envers lui pour la vie, qu’il a donc assez de qualités personnelles pour être « aimable », et parce que le mariage prouve qu’on a assez bien géré sa vie pour permettre à l’amour d’y pénétrer à ce point.
Réussite sociale parce que le mariage apporte un statut, une place à part entière dans la société (Monsieur Untel, ou Mme Unetelle). Ce n’est d’ailleurs qu’à partir du mariage que l’on obtient le livret de famille, qu’on existe en tant que foyer au sein de la société.
Le mariage forcé, une réalité trop souvent oubliée :
Le mariage, quand il a lieu cette fois, peut également être vécu comme une véritable torture pour la jeune femme qui n’a pas eu le loisir de choisir son époux. Tradition culturelle, religieuse, familiale, les cas de figure sont nombreux, dans lesquelles une femme, parfois une très jeune fille, doit épouser un homme choisi pour elle par ses parents, et que parfois elle ne connaît même pas. Ces expériences sont destructrices pour la femme :
- sensation d’être abandonnée, trahie par les siens ;
- sentiment de culpabilité face à une tradition à laquelle elle n’arrive pas à adhérer ;
- peur de l’autre, de l’homme, perte de confiance en autrui ;
- relations sexuelles forcées (relations sexuelles qu’elle découvre souvent à ce moment-là). Il faut d’ailleurs savoir que la loi punit ces rapports sexuels forcés, même s’ils ont lieu entre un mari et sa femme. Car si la femme n’est pas consentante, cela est considéré comme un viol.
- arrêt de la scolarisation, ou même du travail ;
- rupture sociale, familiale, isolement de la femme ;
- …
De nombreuses associations, nationales ou locales, ont été créées pour aider les femmes qui se retrouvent dans ces situations. Il faut y penser, il faut en parler.
Le mariage, un piège :
Il y a enfin ceux qui ne sont pas partisans du mariage, perçu comme une tradition sociale ou religieuse à laquelle ils n’adhèrent pas, perçu comme un simple rituel dénué de valeur sentimentale ou même perçu comme un piège, l’enfermement d’une relation dans un carcan qui l’étouffe et finit par la détruire.
Certaines personnes rejettent en effet l’idée même de mariage et estiment que l’amour n’a pas besoin de telles preuves pour exister et pour être vrai.
Voilà pour le 2ème pendant de mes réflexions sur le mariage.