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20,9. Arrondissons à 21. Tel était l'âge moyen des 10 joueurs grenoblois présents sur la pelouse du Stade des Alpes au coup de sifflet final. Bien sûr les blessures d'Abardonado et Vivani ainsi que l'exclusion de Mainfroi ont contribué à faire baisser involontairement cette moyenne.
Mais dès le coup d'envoi on a pu assister à des scènes impensables il y a encore quelques semaines en arrière, si ce n'est au Clos d'Or pour un match de la réserve. Autour du ballon lors du premier coup-franc se trouvait ainsi par ordre décroissant Cianci, Bourabia et Taïder. Surréaliste.
Cette rencontre fut symptomatique de ce que peut produire une équipe aussi inexpérimentée dans les côtés négatifs et positifs. Enthousiaste mais terriblement fébrile. On peut résumer ainsi la performance du GF38.
A 11 contre 11 les Grenoblois furent plutôt à leur avantage, en tout cas dans les 10 premières minutes. Positionnés en 4-4-2 (Juan un cran derrière Cianci dans l'axe, Bourabia à gauche, Taïder à droite et deux vrais pointe avec Dos Reis et Mandrichi), ils ont imposé leur rythme en début de partie, le Corse n'était d'ailleurs pas loin de trouver rapidement l'ouverture.
Et puis la malédiction du brassard s'en est mêlée. Pancho Abardonado a d'abord dû quitter ses partenaires sur blessure (déchirure à l'arrière de la cuisse, il risque d'être absent pendant 4 ou 5 semaines) ce qui a entraîné le passage en charnière central d'Hugo Cianci qui a alors connu la première de ses nombreuses glissades de la soirée sur sa première intervention. Conséquence directe : l'exclusion de Mainfroi. Dos Reis a du coup glissé couloir droit pour prendre la place laissée vacante par le Réunionais. Et les Isérois ont souffert le martyr pendant 15 grosses minutes. Panique liée évidemment à leur inexpérience, deux des trois joueurs d'expérience de la base défensive sortant coup sur coup.
Et c'est là qu'intervient l'insouciance de la jeunesse. Devant ces coups du sort à répétition, certains auraient pu lâcher prise. Grenoble non. Le GF38 est même parvenu à ouvrir le score sur une de ses seules opportunités, Taïder provoquant un pénalty que Mandrichi se chargeait de transformer.
Plus de 45 minutes plus tard, l'abnégation faillit payer à nouveau sur un missile de Taïder qui trompait le portier breton mais qui était justement refusé par l'arbitre pour une faute préalable de Cianci.
Entre temps, la fébrilité avait repris le dessus. Sans un Viviani très inspiré (dont la blessure est a priori moins grave que celle d'Abardonado), le missile de Taïder n'aurait d'ailleurs eu aucune importance et la messe aurait été dite depuis longtemps.
Pourtant l'arrière garde alpine a fait preuve de bonne volonté et mis à part le quart d'heure de panique après l'exclusion de Mainfroi, les Isérois ont continué à chercher à jouer haut. Seulement à pratiquement chaque accélération des Vannetais la défense a été débordée ou prise de panique. Elle a quand même quelques circonstances atténuantes avec un arrière gauche de 18ans, un axial gauche qui faisait sa première apparition à ce poste de la saison et un milieu et un attaquant repositionnés en cours de match. Un ensemble évidemment sans aucun automatisme et dont la faible expérience ne parvenait pas à atténuer cette lacune.
Difficile de positionner cette défaite dans la série négative qu'enchaîne le GF38 au Stade des Alpes. D'un côté l'équipe aurait pu décrocher le match nul en évoluant à 10 contre 11 pendant 75 minutes et on ne peut pas blâmer cette équipe sur son état d'esprit. De l'autre sans un gardien en état de grâce, un 4-1 n'aurait pas été volé pour Vannes et le jugement sur la performance grenobloise aurait été probablement nettement plus sévère.
La vérité, comme souvent, se situe probablement entre les deux. Si on ne peut pas enfoncer l'équipe vu l'acharnement du sort à son encontre, ces « aléas » ne doivent pas non plus masquer les grosses lacunes que comporte encore le jeu dauphinois. Rien ne dit qu'à 11 contre 11 et sans la blessure d'Abardonado le score eut été différent en fin de match. Mais tout cela reste hypothétique.
Ce qui est concret, en revanche, c'est la place du GF38 au classement. Elle n'a pas changé. Il ne faudrait tout de même pas trop s'y habituer même si joueurs et staff aiment (un peu trop) à rappeler que « la saison est longue ».
Frédéric Sougey