C’est M. Lledo lui-même qui en fait l’annonce lors de son passage sur la chaîne de télévision israélienne «Guysen-TV». Un passage durant lequel il n’hésitera pas à étaler avec «minutie» les drames vécus par les Algériens durant la Décennie noir (Voir la vidéo). Le réalisateur, présenté par l’animateur comme de père français et de mère berbère-juive, projettera aussi son film «Algérie, histoires à ne pas dire» dans plusieurs autres villes d’Israël, un film subventionné par le ministère de la Culture algérien à hauteur de 1,5 million de dinars à l’occasion de la manifestation «Alger, Capitale de la culture arabe» et dont la projection fut censurée.
A l’époque, l’affaire avait fait beaucoup de bruit en Algérie et M. Lledo avait été accusé de vouloir ternir l’Histoire de l’Algérie en utilisant l’argent de l’Etat. Revanche ou rapprochement « sentimental » avec les origines de sa mère, Jean-Pierre Lledo joue visiblement la rupture en projetant ce film et d’autres à Israël, un pays que l’Algérie ne reconnait pas. Un contraste saisissant puisque ce film a été réalisé grâce à l’apport financier et matériel du ministère de Khalida Toumi !
Mieux encore, Jean-Pierre Lledo a toujours jouit des bonnes grâce de l’Etat algérien et une partie de sa «notoriété» est due à la générosité «étrange» des autorités algériennes à son égard.
Celui qui se présente comme un «judéo-berbère» (personne ne sait ce que ce néologisme veut dire) a été, de tout temps, gâté par l’Algérie
au détriment de beaucoup d’autres cinéastes algériens. Un réalisateur algérien, qui a connu de près Jean-Pierre Lledo du temps où il
vivait en Algérie, a livré à «Algérie-Focus», sous couvert de l’anonymat son témoignage sur le personnage en question. «Oui, je connais Jean-Pierre
depuis 1983. Il faisait partie des cinéastes de l’Etat, ‘ONCIC’. Il a obtenu une enveloppe pendant l’Année de l’Algérie en France. Il a toujours eu de l’argent de l’Etat algérien», nous déclare-t-il. Et d’ajouter : «Je l’ai filmé en France, sans monter les images. Il a tourné ‘l’Empire des Rêves’ en Algérie avec Sid Ali Kouiret en 1982. Ce film est (disponible) sur le Net. C’est Mouny Berrah qui me l’a présenté en 1982. J’avais 18 ans. Et pendant des années, je ne pouvais pas savoir qu’il était juif. La dernière fois que je l’ai croisé, c’était en Algérie à la Télévision algérienne, en 2008. Il venait chercher de l’argent et je pense qu’il l’a obtenu».
Révolté, notre interlocuteur poursuit : «Ce mec, ce n’est pas Henri Alleg qui est juif et qui s’est fait torturé pour défendre l’Algérie. Henri Alleg est antisioniste et n’interviendra pas sur une télé sioniste!». Avant de conclure : «Je suis choqué et il faut que vous postez l’information pour que toute
l’Algérie, et surtout au ministère de la Culture qui donne de l’argent pour des gens comme ça, sachent la vérité ».
Le message est explicite, M. Lledo irrite côté algérien. Et il dérange d’autant plus qu’il se permet le «luxe» d’aller où les Algériens ne peuvent jamais le gober, en Israël, parler de l’Algérie, de son Histoire, de ses drames et de ses souffrances. Jean-Pierre Lledo affirme que «Ces présentations et les débats qui suivront seront pour moi une belle occasion de mieux connaître Israël où j’espère pouvoir assez vite préparer mon prochain long-métrage documentaire».
Diana Meftah