Je suis infidèle à ce blog, je sais. J'écris peu, je n'assure pas les rubriques habituelles, en particulier La séance du mercredi, alors que des films intéressants passent de l'ombre à la lumière. Et que dans certaines salles, on peut voir ou revoir The shop around the corner, peut-être le plus beau Lubitsch (ça se discute) en raison d'un élément peu courant chez le réalisateur-producteur le plus doué de cette époque, s'agissant de comédie. Loin des paillettes et du strass, The shop around the corner est une comédie simple, moins pétillante que d'autres, mais d'une lisibilité exemplaire et.. comment dire ? Empreinte d'une gentillesse, d'un sentiment de proximité qui n'est pas habituel chez le réalisateur-producteur d'Angel et Desire.
Je suis seul ce soir et la solitude ne me sied pas. J'attends (comme d'habitude penseront les fidèles) ce coup de téléphonequi ne viendra pas et qui pourrait, pourtant, tellement changer les choses.
Donc, parlons des morts, qui sont des compagnons peu contrariants.
La presse cite des films que tout le monde connait (Le gaucher, Bonnie and Clyde et, surtout, Little big man) mais j'ai en tête deux films que j'adore : La poursuite impitoyable, avec Marlon Brando, dénonciation d'une Amérique toute petite, oublieuse de sa tradition d'ouverture et de générosité et Alice's restaurant, avec Arlo Guthrie, un des rares films justes sur la période hippie de l'Amérique. Arthur Penn, outre ses qualités cinématographiques évidentes, représentait une certaine honnêteté et un certain humanisme américains.
J'aurais aimé vous offrir City of New Orleans, le tube d'Alice's restaurant, par Arlo Guthrie, mais il semble qu'on ne le trouve plus sur internet que dans une version karaoké. Que devient le monde ?
Tony Curtis nous a quitté, lui aussi. Ce n'est pas gentil. Tony Curtis était beau et ce n'était pas forcément un avantage concurrentiel, comme on dit maintenant. Mais avec les dames, oui. Il disait : "A l'exception des éléphants, des chiens et des hommes, je l'ai fait avec tout ce qui bouge, pourvu que cela soit perché sur des talons aiguilles".
Une petite musique, pour se souvenir : Marilyn chante pour Tony Curtis (Some like it hot).
C'est des soirs où on s'accroche à une éventuelle sonnerie du téléphone. Mais non, ça ne sonne pas. Je vais me coucher, avec mes morts.