1 200 des 1350 pharmaciens adhérents du groupement Giphar ont désormais adopté le concept d’enseigne obligatoire, lancé il y a un an. Ceci implique de nombreuses obligations pour les adhérents comme nous allons le voir plus bas (merchandising, campagnes de santé publique orchestrées par le groupement, distribution des produits de l'enseigne,…). C'est le premier octobre de l'année dernière qu'avait été annoncé lors du 41e Forum du groupement, qu'un an plus tard, les 1 350 adhérents Giphar devraient tous avoir adopté la fameuse enseigne. Il y a du y avoir quelques ratés de toute évidence, mais dans l'ensemble, l'amicale pression s'est avérée efficace.
Des obligations non négligeables pour les adhérents
Concrètement cela signifie que les pharmaciens adhérents doivent se plier au « Némo », acronyme de « niveau d'exigence minimum obligatoire » de l'enseigne. D'abord leur identité Giphar doit être clairement affirmée en vitrine (à l'extérieur donc) comme à l'intérieur du magasin. La chose s'effectue au moyen d'éléments visuels qui signent l'appartenance au « clan ». Obligation d'aménager une « zone événementielle » correspondant à une sorte « d'espace de communication, de promotion et d'animation ».L'essentiel de l'histoire étant au final de vous caser des médicaments de toute façon, sous couvert de prévention, et d'éducation thérapeutique à la sauce Giphar.
Pour leurs achats, les pharmaciens doivent commander dans un catalogue commun de « références incontournables » ou de produits à la marque du groupement, ceux fournissant la plus grosse marge de toute évidence. Un peu comme les marques repères de Leclerc, ou carrefour etc… à l'étranger la chaîne Alliance-boots (qui n'a pas encore le droit d'installer des officines en France) est spécialiste de ce genre de pratiques : on fabrique ces propres médicaments, on a ces propres marques, sa parapharmacie, on dispose du réseau pour les distribuer, et le tour est joué…
rendez-vous ici pour comprendre comment ça marche : http://www.allianceboots.com/Our_Group/Our_product_brands.aspx
De la formation, encore de la formation, toujours de la formation
Autre obligations : des formations “sous contrôle” (qui doivent s'apparenter de près de loin à des « stages de vente » à mon avis) . L'enseigne mise également également bien sûr sur de nouveaux services à rendre au patient consommateur, et sur le rôle de conseil du pharmacien tel que formulé dans la loi HPTS. Autre obligation pour les adhérents : “renforcer leur expertise dans le merchandising” ou le maintien à domicile. Des formations e-learning dédiées sont d'ailleurs prévues pour ce dernier point, qui représente un secteur d'avenir pour les officinaux à n'en pas douter. Trois parcours de formation (comprenant chacun 6 modules d'une trentaine de minutes) par an sont imposés dans le cadre de Némo.
Contrôle et coup de bâton en cas de manquement !
Les formations peuvent avoir pour pour thème l'hypertension artérielle ou l'allaitement par exemple (avec le déremboursement des médicaments, on va probablement voir s'étendre la liste des thématiques). Un système de compteurs, permet de déterminer qui s'est formé et quel niveau a été atteint, explique Brigitte Bouzige dans le quotidien du pharmacien. Elle voit d'ailleurs dans cette démarche plus un accompagnement (bienveillant?) qu'un contrôle. En plus, les joyeux membres ont droit à la visite de clients mystère, bref du flicage / testing, histoire d'accompagner encore un peu plus. Des pénalités sont bien sûr envisagées pour les pharmaciens qui ne joueraient pas le jeu.
Quid des campagnes de prévention sollicitant le beau Richard Berry
Ces campagnes de communication dont le but était d'attirer l'attention sur le savoir-faire du pharmacien Giphar en matière de conseil, de dépistage et de prévention ont pour l'instant été stoppées net dans leur élan, dans l’attente d'un jugement sur le fond concernant ce qui semble s'apparenter à des démarches de promotion.
l’Ordre des pharmaciens, s'étant vu débouté suite jugement en référé de juillet 2009, c'est maintenant au tribunal de grande instance de Paris, le 19 octobre prochain, que se jouera la scène finale de ce suspens, sur fond de montée en puissance et de formalisation - via décrets - de l'éducation thérapeutique du patient.
En attendant chez Giphar, on se frotte les mains, puisqu'avec tout ça l'enseigne a gagné en notoriété. et de trouver encore un autre moyen de communiquer (et de vendre là encore sous couvert de prévention) : une application IPhone gratuite sur l’homéopathie…
[Pour la petite histoire, rappelons que ces conseils des pharmaciens peuvent même solliciter des assureurs complémentaires santé, ainsi Allianz a signé un partenariat avec le Collectif National du Groupement des Pharmaciens d'Officine (CNGPO). L'opération concernant essentiellement les médicaments d'automédication. Les pharmaciens partenaires, moyennant rétribution, étant censés conseiller aux assurés d'allianz, dans le cadre d'un “conseil” certains médicaments , à partir d'une liste fournie par Allianz bien évidemment. Les assurés bénéficiant d'un certain nombre de conseils gratuits dans le cadre de leur contrat d'assurance santé.. ]