Une petite devinette à 92 milliards d’euros (montant prévu du déficit 2011):
qui a tenu, à l’occasion d’un entretien dans Les Echos, ces propos pleins de
bon sens ?
« La dette publique a doublé en cinq ans et, donc, les efforts ne
sont pas suffisants pour résorber les déficits que le gouvernement a creusés.
Chaque jour, c'est près de 1 milliard d'euros qui sont empruntés ! On ne
peut pas laisser la dette qui pèse sur les jeunes générations s'alourdir chaque
année. Il aurait fallu faire, depuis trois ans, de vraies réformes de
structures courageuses au lieu de laisser déraper les
déficits »
Je vous le donne en mille……c’est……c'est ....
c'est .....Ségolène
Royal !!!...si !
Et elle poursuit en accusant Sarkozy de sacrifier, via ce budget, les intérêts
de la nation « à l'intérêt électoral » !....stupéfiant
!
Ségolène Royal, membre éminent du PS qui va reprocher au Gouvernement de ne
pas réduire suffisamment le déficit ….c’est le monde à l’envers !
D’autant plus, qu’au même moment, Martine Aubry fustige sur
Canal+ un budget qualifié de «vrai plan de rigueur» qui va toucher
«d'abord les classes moyennes et pas ceux qui ont véritablement de
l'argent». Alors qu'on est «encore dans la crise (...), on a un budget
qui augmente les impôts (...) et qui réduit des dépenses qui pourtant auraient
été nécessaires pour maintenir la croissance» !!!
Un discours réaliste donc, qui prône la « rigueur », dans la bouche
d’un Socialiste et plus précisément de Ségolène Royal, c’est suffisamment rare
pour être relevé et apprécié à sa juste valeur !
A ce stade là de l’entretien, probablement un peu naïf, j’ai été tenté de
reconsidérer mon opinion sur la madone du Poitou !
Mais le satisfécit va être de courte durée puisque rapidement on se rend
compte qu’il y a comme un problème.
A la question ou plutôt à la remarque du journaliste: « Le gouvernement
espère réaliser 10 milliards d'économies en « rabotant » les niches
fiscales... », Ségolène rétorque :
« Certaines mesures vont dans le bon sens, mais elles auraient mérité d'être mieux ciblées, comme l'annualisation des exonérations de cotisations patronales. Il faudrait en exempter les PME exposées à la concurrence internationale et qui créent des emplois. (…) Certaines mesures sont néfastes comme la suppression de l'avantage fiscal vert qui existait. La conversion écologique est un enjeu de croissance et de compétitivité pour la France. Je propose de supprimer les niches ayant un effet carbone négatif plutôt que celles qui encouragent les énergies renouvelables. Enfin, taxer le mariage, ce n'est pas juste.»
Alors si on résume, le Gouvernement est timoré dans sa réduction du déficit
mais les mesures qu’il a prises pour économiser 10 milliards… eh bien, il
n’aurait pas du les prendre ou du moins en limiter les effets !
Relevons au passage que l’affirmation « taxer le mariage, ce n'est pas
juste » est un peu absurde parce qu’on ne taxe pas particulièrement le
mariage, on ne fait que ramener les jeunes mariés dans le lot commun sans les
avantager mais sans non plus les pénaliser par rapport à leur situation
antérieure. Je ne vois pas ou est l’injustice dans cette histoire !
Et puis si c’est le fait de toucher à l’institution du mariage qui la gêne,
il faudrait lui rappeler que le pacs est également concerné.
A ce stade là de l’entretien, on se dit mais alors quid ?....on a bien
compris que les mesures prises ne sont pas bonnes et que paradoxalement elles
sont insuffisantes, mais alors que faire ?
Eh bien c’est justement la question qui lui est posé :
« Qu'aurait-il alors fallu faire ? » demande le journaliste des Echos
!
Sa réponse est simple: « Il faut tout d'abord remettre à plat tout notre
système fiscal … » avec comme objectifs, la transparence, la
simplicité (à revenu égal, impôt égal) et la fusion de la CSG dans l’impôt sur
le revenu.
Ok, très bien, je pense aussi qu’il faut remettre à plat notre système
fiscal trop complexe et trop plein d’exceptions et qu’il faut effectivement que
chacun sache ce qu’il donne à la collectivité au titre des impôts (ce qui
n’aura pas nécessairement l’effet escompté par les Socialistes) !
Quand à la fusion de la CSG dans l’impôt sur le revenu, pourquoi pas, mais
rappelons quand même que celle-ci a été créée pour participer, très
précisément, au financement de la sécurité sociale et pas de tout le reste,
l’intégrer dans l’IR reviendrait à la noyer dans le budget de l’Etat et
rappelons également qu’elle a été créée, sous cette forme, par un
Gouvernement……Socialiste !
Pour autant, la transparence et « l’égalité », c’est bien joli, mais ça
ne rajoute pas des milliards d’euros aux recettes fiscales !
Tout cela pour dire que ce que dit Ségolène n’est pas nécessairement
irrecevable mais que ça ne répond pas à la question qui était
« Qu'aurait-il alors fallu faire ? » ou posée autrement quels sont
« les efforts » à faire « pour résorber les déficits »
?
Fort heureusement, ce n’est pas fini, et puisque la réponse n’est pas dans
la première partie de sa réponse, on peut espérer qu’elle soit dans la seconde.
D’une certaine manière c’est le cas puisqu’elle nous dit, en toute
simplicité : Regardez comment je gère ma région et prenez en de la graine
!
« Ensuite, il est évident qu'il est possible de dépenser mieux en
dépensant moins. C'est ce que j'ai fait dans la région que je préside, en
refusant d'augmenter les impôts depuis six ans, avec des dépenses identiques et
une dette stable tout en ayant mis la région Poitou-Charentes au premier rang
de la croissance verte, avec le plan photovoltaïque et la voiture électrique
notamment. Grâce à des redéploiements importants, 1 euro dépensé égale 1 euro
utile. On peut tenir les comptes sans renoncer à aucune des actions
prioritaires définies. Et ça marche. Ce qui est possible au plan local l'est au
plan national. »
Mais bon sang mais c’est bien sur, là voilà la recette miracle :
« dépenser mieux en dépensant moins » !
Comme un fait étrange, c’est typiquement le discours tenu pas le
Gouvernement pour justifier les diminutions de budgets ou le non remplacement
d’1 fonctionnaire sur 2 partants à la retraite !
Et puis, autre similitude, comme Sarko, Ségolène refuse d’augmenter les
impôts !
Quand à la croissance verte via le plan photovoltaïque et la voiture
électrique, présentée comme une sorte de panacée miracle pour l’industrie
française, je ne peux m’empêcher d’être un brin sceptique. Si lorsqu’elle
évoque la voiture électrique Ségolène Royal pense à Heuliez récemment repris
par des Allemands après avoir été mis en liquidation judiciaire et avoir frôlé
la disparition pure et simple, je ne suis pas certain qu’il soit vraiment
souhaitable de généraliser l’exemple !
Ce qui est intéressant dans cet entretien, c’est ce qu’il nous dit sur la
schizophrénie des Socialistes en matière de déficits et plus généralement de
gestion du budget de l’Etat qui tient dans une formule simple :
Toujours plus de dépenses mais moins de déficit !
Certes, on me rétorquera que ce n’est pas nécessairement contradictoire, que
l’on peut dépenser plus en faisant moins de déficit, et que pour cela il suffit
d’augmenter les recettes d’un peu plus qu’on augmente les dépenses !
C’est là que les Socialistes jouent aux illusionnistes, c’est en laissant
croire qu’il suffit de revenir sur le bouclier fiscal et sur la baisse de la
TVA dans la restauration pour résorber un déficit de 100 milliards auquel on
aura ajouté toutes les dépenses nouvelles résultantes de leurs généreuses
promesses !
Avec un taux de prélèvements obligatoires déjà élevé, avec les limites
évidentes qu’impose la sauvegarde de ce qui reste de compétitivité aux
entreprises françaises, avec la difficulté qu’il y a à remettre en cause des
« niches fiscales » couteuses mais qui ont une utilité certaine comme
les emplois à domicile, les dons aux associations ou encore le taux réduit de
TVA sur l'entretien-rénovation de bâtiments, les solutions pour « toujours
plus de dépenses mais moins de déficit» passent nécessairement par un
alourdissement de la fiscalité de la masse de ceux qui paient des impôts,
c'est-à-dire les classes moyennes !
Mais étonnamment, les Socialistes se gardent bien de le dire aussi crûment,
au lieu de cela ils fustigent d’un côté un budget de rigueur et de l’autre un
déficit pharaonique !
Au fait, pour les béotiens, la définition de schizophrénie: « Psychose
délirante caractérisée par une perte de contact avec la réalité et une
dissociation de la personnalité. »…eh !!!!...on n'en n’est pas si loin
!!!!