Qui se souvient encore de la Yougoslavie, de Tito ? Qui se souvient de la guerre ou plutôt des guerres qui ont suivi la mort de Tito ? Qui se souvient des massacres de Sarajevo ? Des criminels de guerre serbes ?
Qui se souvient des vagues de réfugies bosniaques, croates ou serbes qui ont déferlé sur l’Europe de l’ouest après l’implosion de l’ex-Yougoslavie ?
Dubrabvka UGRSIC s’en souvient pour nous, dans son roman LE MINISTERE DE LA DOULEUR, parue en 2004 chez les éditions Albin MICHEL.
Elle nous entraine dans un voyage presque initiatique dans une Yougoslavie disparue, en nous invitant à suivre une bande de jeunes ex-yougoslaves (croates, serbes et bosniaques), réfugiés à Amsterdam et qui tentent de se rappeler leur pays, de leur langue, de leur maison, de leur famille.
Dans une narration caustique, dure et parfois noire, l’auteur nous promène dans les souvenirs de ces jeunes qui apportent des témoignages saisissants d’émotion et de vérité, comme les pages sur “le premier du mois”, ou celui sur ” le train sans horaire ” ou encore “celui qui voulait être un rossignol”.
Je me suis laissé entrainer dans la délicieuse digression que l’auteur a brodée autour des « sacs rayés blancs et rouges », ces sacs que tous les immigrés du monde ont trimballés.
Un chapitre très intense d’humanité est consacré aux soirées et aux chansons du pays disparu.
Dubrabvka UGRSIC a très bien su mettre en exergue les « yougogènes » qui marquent profondément les anciens yougoslaves. De quelque groupe ethnique ou religieux viennent-ils, même s’ils sont divisés en « nous et eux », ils éprouvent tous ce qu’elle appelle la « yougonostalgie ».
Ce regard très personnel sur l’immigration, sur le pays d’accueil et sur le pays d’origine, sur l’exil est tout sauf indifférent.
P.S. : Le titre du roman est assez énigmatique et je vous laisse le plaisir d’en découvrir le secret. BONNE LECTURE !
Jeu de briques
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Pacman
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