Il faut mettre un terme aux retours forcés des Roms au Kosovo
Les pays de l’Union européenne (UE) doivent cesser de renvoyer de force des Roms et d’autres membres de minorités au Kosovo, écrit Amnesty International dans un rapport rendu public mardi 28 septembre.
Intitulé :
“Serbia. No welcome anywhere : Stop the forcible return of Roma to Kosovo,”
Ce document décrit comment des Roms et des membres d’autres minorités, y compris des enfants, sont renvoyés de force au Kosovo, bien souvent sans rien d’autre que les vêtements qu’ils portent, avec pour perspective le risque de subir la discrimination et la violence persistantes.
«Les pays de l’UE risquent de violer le droit international en renvoyant des personnes dans des lieux où elles sont exposées à des persécutions ou d’autres graves atteintes à leurs droits fondamentaux, a souligné Sian Jones, spécialiste du Kosovo au sein d’Amnesty International. L’UE devrait plutôt continuer de fournir une protection internationale aux Roms et aux membres d’autres minorités du Kosovo jusqu’à ce qu’ils puissent y retourner en toute sécurité.»
«Les autorités du Kosovo doivent également veiller à ce que les Roms et les membres d’autres minorités puissent revenir de leur plein gré et se réinsérer pleinement dans la société.»
Nombre de ces personnes sont emmenées par la police à l’aube et, ayant peu de temps pour rassembler leurs affaires, sont souvent renvoyées dans leur pays avec seulement les vêtements qu’elles portent.
Peu d’entre elles bénéficient d’une aide à leur retour au Kosovo, si bien que beaucoup rencontrent également des difficultés pour accéder à l’éducation, aux soins de santé, au logement et aux prestations sociales.
Rares sont les Roms qui parviennent à trouver du travail ; leur taux de chômage atteint 97 %. Les communautés roms sont deux fois plus susceptibles que les autres groupes ethniques de faire partie des 15 % de la population du Kosovo qui vivent dans une extrême pauvreté.
Les violences interethniques se poursuivent tandis que la discrimination envers les Roms, aggravée par l’impression qu’ils sont associés aux Serbes du Kosovo, est répandue et systématique dans cette province. Étant donné que la plupart d’entre eux parlent le serbe et vivent dans les régions serbes du Kosovo, les Roms sont toujours perçus comme alliés avec la communauté serbe.
«Malgré les récentes mesures introduites par le gouvernement du Kosovo afin d’améliorer les conditions pour l’accueil et la réinsertion des personnes renvoyées depuis l’étranger, les autorités n’ont pas les fonds, la capacité, les ressources et la volonté politique nécessaires pour leur permettre de se réinstaller durablement chez elles», a déploré Sian Jones.
On estime qu’environ 50 % des personnes renvoyées de force quitteront de nouveau le Kosovo.
Ces retours forcés sont effectués en vertu d’accords bilatéraux négociés, ou en cours de négociation, entre d’une part les autorités kosovares, et d’autre part les États membres de l’UE et la Suisse.
Selon certaines sources, rien qu’en Allemagne, près de 10 000 Roms sont juridiquement dans l’obligation de quitter le territoire et risquent donc d’être renvoyés de force au Kosovo.
Bien qu’il ne faille pas exclure des retours réellement volontaires, Amnesty International est préoccupée par les informations indiquant que des personnes acceptent de partir uniquement parce qu’elles sont menacées d’être renvoyées de force.
«Tant que les autorités kosovares ne seront pas en mesure de garantir les droits humains fondamentaux des Roms et des autres minorités, ces personnes seront confrontées en rentrant à un climat de violence et de discrimination”, a ajouté Sian Jones.
«En attendant, la communauté internationale est tenue de leur fournir une protection.»
Après la guerre de 1999 au Kosovo, de nombreux Serbes et Roms se sont réfugiés en Serbie, tandis que d’autres ont demandé une protection internationale dans des États membres de l’UE et en Suisse.
En mars 2004, des Serbes et des Roms ont été de nouveau contraints de fuir le Kosovo lors des violences interethniques entre Serbes et Albanais, qui ont touché également les communautés roms.
Parmi les personnes aujourd’hui renvoyées de force, beaucoup ont aussi quitté le Kosovo au début des années 1990, quand la guerre a éclaté en ex-République fédérale socialiste de Yougoslavie.
À la suite de la déclaration unilatérale d’indépendance du Kosovo en février 2008, les autorités kosovares ont été soumises à une pression croissante de la part des États membres de l’UE afin qu’elles acceptent les personnes renvoyées.
*****************************************