Grand Paris : vous pouvez enfin donner votre avis !

« Hé, tu veux toi aussi t’exprimer sur le Grand Paris ? Alors viens avec tes potes, et donne ton avis sur l’avenir de la métropole ! » (voix très enjouée)

Ainsi, le débat sur le Grand Paris est lancé. Ou plutôt, le débat sur les deux tracés concurrents : Arc Express ou métro automatique ? Huchon ou Sarko ? 60 km ou 155 km ? Du 30 septembre 2010 au 31 janvier 2011, 70 débats publics vont être organisés pour… pour… le mieux est de retranscrire ce qui est indiqué sur le site du Conseil Régional :

« Notre mission, a expliqué Philippe Deslandes, est de faire parler le public, de faire participer les gens dans leur territoire sur un projet qui a fatalement des conséquences sur leur environnement ». Trois principes forts animent le travail de la Commission du débat public : la transparence en assurant « au public une information totale » ; l’équivalence, « chacun a le droit à la parole » et l’argumentation.

Mais à quoi tout ça va donc bien pouvoir servir ?

Sur un débat aussi politique, ce ne seront pas les arguments techniques qui feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre, mais des négociations, arrangements et compensations. Le public qui participera à ces 70 réunions s’informera sur les projets, posera des questions, donnera un avis que personne ne prendra en compte, et repartira satisfait d’avoir été écouté et d’avoir bénéficié de ce moment de démocratie participative. Opération de com réussie.

Et sur le fond ?

L’individu de base n’a aucune raison de comprendre les enjeux des deux tracés, ni d’apporter une contribution beaucoup plus pertinente que « il faut qu’il y ait une gare près de chez moi » ou « et comment je vais faire pour déposer mes enfants avant d’aller travailler ? ». D’autant plus que personne n’a expliqué au service de quel territoire serait l’un ou l’autre des deux projets. Un tracé de transport collectif n’a aucun sens s’il ne s’inscrit pas dans une vision d’ensemble, au service de bassins de population, pour relier telle et telle partie de la métropole de demain. Ni le projet Arc Express ni celui du métro automatique ne sont présentés comme les outils au service d’une vision particulière de la métropole parisienne dans 30 ou 40 ans. Pas du tout, ce sont seulement des tracés sur une carte.

Les personnes consultées sont donc pour le tracé si celui-ci dessert leur commune, et contre si elles n’en profitent pas. Bonjour les négociations de marchands de tapis. Mais peu importe, car l’intention des décideurs n’a jamais été de tenir compte de l’avis de la population.