« Européens » quand ça les arrange

Publié le 01 octobre 2010 par Lecriducontribuable

Hier, la Commission européenne demandait l’abandon de la taxe télécom, qui porte sur 0,9 % du chiffre d’affaires des opérateurs télécom pour compenser la suppression de la publicité sur France Télévisions après 20 heures. Elle avait été mise en place à l’instigation du président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, Jean-François Copé, pas si « rigoureux » qu’il le dit.

Réponse immédiate du cabinet de Christine Lagarde, ministre de l’Économie : « Nous ne supprimerons pas la taxe. Notre analyse, c’est qu’il n’y a rien à modifier dans la législation française, car nous jugeons que la Commission s’appuie sur l’analyse erronée d’une directive européenne. » Bercy sait donc mieux que la Commission comment interpréter les directives de celle-ci.

Cette défense de la législation française serait moins étonnante si à Bercy justement, on ne prônait pas des mesures européennes, voire mondiales.

Ainsi de la taxe bancaire, initiée par la France conjointement avec l’Allemagne, avec le but de l’imposer à l’Union européenne, voire au monde. Ainsi également de la réglementation financière européenne, faussement appelée « régulation » à cause du faux-ami anglais « regulation ».

L’objection de Bruxelles était pourtant sensée : une taxe doit correspondre à un service équivalent, et en l’occurrence, on ne voit pas bien ce qui justifie que les opérateurs téléphoniques paient le manque-à-gagner publicitaire de France Télévisions, à part peut-être la télévision sur téléphone portable…

Ces ministres qui n’ont de cesse de se dire « Européens » (comme si les opposants à l’Union européenne n’étaient pas, eux aussi, des Européens…) ont en fait une vision à géométrie variable de la construction européenne : ils sont pour uniquement quand cela permet d’augmenter les prélèvements.

Car au final, la taxe sur les télécoms repose sur les clients des télécoms. Et son produit déjà prélevé est de 600 millions d’euros, soit dix euros par Français.