Scénariste régulier de Johnnie To (PTU, The mission, Election...), Yau Nai-Hoi n'a pas su résister à l'appel de la mise en scène. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle : Filatures reprend assez maladroitement des thèmes déjà vus dans quelques-uns des plus fameux films de maître To et ne tient absolument pas la comparaison. Yau livre un film extrêmement regardable, pas ennuyeux pour deux sous, mais dont la forme et le fond restent des plus ordinaires.
Comme l'indique sans subtilité le titre français, Filatures suit une brigade spéciale chargée de suivre les malfrats dans la rue et de les surveiller sans relâche, subterfuges et discrétion étant les maîtres mots. Un sujet potentiellement passionnant, propice à un véritable exercice de mise en scène, et un très bon choix pour un premier film, le néophyte n'ayant pas à gérer dix mille gunfights comme dans les films de To. Bien vite, il faut se rendre à l'évidence : contre toute attente pour un film de scénariste, Filatures fait preuve d'une criante absence d'idées, jouant d'artifices usés jusqu'à la corde et ne proposant rien de nouveau. L'héroïne du film, une jeune femme fraîchement engagée, va se retrouver emmêlée dans deux affaires distinctes mais convergentes sans que l'on comprenne jamais où est l'intérêt véritable de la chose.
Filatures se suit donc poliment, sans baillements mais sans passion. D'autant que Yau Nai-Hoi n'a absolument pas la classe de Johnnie To : pétrie de gros plans et de cadrages approximatifs, la mise en scène souffre d'un vrai manque de style et d'efficacité, la lisibilité des filatures étant parfois mise à mal par un montage confondant parfois vitesse et précipitation. Le film permettra en fait de convaincre les derniers réticents du talent touchant au génie de To, qui orchestre ses oeuvres comme des symphonies et pas comme de vulgaires romans de gare.
5/10
(également publié sur Écran Large)