Quand on évoque le rayonnement culturel français on
pense rarement au Moyen-âge : une période pourtant faste où l'art français est une référence dans tout l'Occident (voir par exemple l'article Le bas Moyen-âge : Fin amor et Art français ou francigenum opus). L'exposition intitulée :
France 1500, entre Moyen-âge et Renaissance, qui se déroule du 6 octobre 2010 au 10 janvier 2011
aux Galeries nationales du Grand Palais, s'intéresse à la période comprenant les règnes de Charles VIII (1483-1498) et de Louis XII (1498-1515), tous deux époux successifs d’Anne de Bretagne
(1477-1514). Il s'agit d'une période charnière annonçant la Renaissance française du règne de François 1er (1494-1547) sacré roi le 25 janvier 1515.
Cette exposition s'ingénie à montrer le
foisonnement culturel de cette période au grand nombre d'artistes, de commanditaires et de centres culturels répandus dans tout le pays ; avec quelques foyers significatifs mis en lumière
« tels le Val de Loire, où séjournent les souverains, le Bourbonnais, stimulé par de grands princes, la Normandie, la Champagne, le Languedoc ... où commandes individuelles et collectives
suscitent la création. » Cette effervescence est présente durant tout le Moyen-âge en France et rayonne dans une Europe ayant ses propres foyers d'intelligence (voir les expositions
actuellement à Paris : L'art en Slovaquie à la fin du Moyen
Âge et Trésor des Médicis).
C'est la période du bouleversement artistique et culturel qu'apporte la récente invention de
l'imprimerie permettant une diffusion plus large de livres et d'images et d'une culture faisant se côtoyer l’ornementation moderne (à la Renaissance appelée péjorativement gothique) et les
modèles de l’Antiquité romaine (au sujet du gothique voir l'article Les modes gothiques et le style troubadour du XIXe siècle).
Photographie 1 : L’Annonciation, huile sur bois
de 72 x 50 cm, de Jean Hey, datée de vers 1490-1495. The Art Institute of Chicago, Mr. And Mrs. Matin A. Ryerson Collection, 1933.1062. © photography The Art Institute of Chicago 2010. Un des
attraits de cette peinture est la beauté et la fraîcheur des couleurs employées et de leur agencement particulièrement harmonieux : orange et vert, rouge et bleu. L'exécution est très fine,
notamment dans les visages.
Photographie 2 : Notre-Dame de Grâce, statue de calcaire polychromé (112 x 75 x 38 cm
) de vers 1470, conservé à Toulouse au Musée des Augustins. © Toulouse, Musée des Augustins / Photo de Daniel Martin. Les 'Vierges à l'enfant' sont un thème important de l'iconographie médiévale
(voir l'article intitulé Les Vierges à l'enfant médiévales). Celle-ci a une grâce et une noblesse
particulières dans les traits de son visage, l'originalité de sa position peut-être due au fait qu'à l'origine elle est intégrée à un ensemble, la beauté des tissus et le choix des
couleurs : or, azur et blanc qui sont celles de la royauté.
Photographie 3 :
Narcisse à la fontaine, tapisserie de laine et soie, de 282 x 311 cm, d’après le Maître des Très Petites Heures d’Anne de Bretagne, de vers 1500. Museum of Fine Arts, Boston. Charles
Potter Kling Fund. © Museum of Fine Arts, Boston. Cette tapisserie aux mille fleurs représente Narcisse contemplant son portrait dans l'eau, et ne pouvant se détacher de cette vision. La fontaine
est un lieu important au Moyen-âge.
Elle est souvent associée aux plaisirs. Le personnage a des cheveux blonds, mi-longs, avec sur la tête une aigrette
tricolore à trois plumes. Il porte un manteau court bleu tenu par une fibule, un haut cousu de fils d'or, un collant rouge et des jarretières.
Photographies 4, 5 et 7 : Saint Gilles et la biche, huile sur bois (de 61,6 x 46,4 cm)
du Maître de Saint-Gilles, de vers 1500, acquise en 1894 par The National Gallery de Londres. © The National Gallery, Londres, Dist. Service presse Rmn / National Gallery. Photographic
Department. Cette peinture représente une biche poursuivie par des chasseurs venant se réfugier dans le giron de Saint Gilles l'Ermite (VIIe siècle). Il est à noter les habits des
protagonistes. Les chapeaux plats sont à la mode à cette période (voir aussi la photographie suivante du portrait présumé de Charles VIII) de même que les chaussures rondes et courtes (à l'opposé
des poulaines du XIVe siècle). On continue à porter des drapés à l'antique. Le personnage au premier plan à
gauche porte un himation à la manière grecque ou romaine. Les vêtements des autres protagonistes présentent
une diversité de coupes, tissus, couleurs, motifs. On y retrouve les cinq archétypes du costume (voir Wikipedia) : drapé, enfilé, cousu et fermé, cousu et ouvert, fourreau. On ne contemple plus aujourd'hui une telle diversité dans la mode de tous les jours. Le Moyen-âge est très
riche dans de nombreux domaines et notamment dans celui de la mode, particulièrement à cette époque. On peut aussi reconnaître chacune des plantes se trouvant au premier plan. Trois iris bleus
sont aux pieds de la biche ; et de gauche à droite : mauve, véronique, plantain, chélidoine, fraisier, molène bouillon blanc et ronce ou églantier au centre.
Photographie 7 : Portait d'homme (Portrait présumé de Charles VIII)
de Jean Perréal , daté de 1490-1495. Il s'agit d'une tempera sur bois de 23 x 14,5 cm, insérée dans la
couverture d'un livre d'heures. Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Manuscrits. © BnF. Au Moyen-âge les portraits représentent les visages en accentuant leurs
caractéristiques, contrairement aux périodes antique, moderne et surtout contemporaine qui cherchent plutôt à les gommer pour s'intégrer dans un certain canon de beauté. La période médiévale ne
suit pas la même optique esthétique. Alors que les drapés et les tissus sont lisses et satinés, les visages sont représentés dans la réalité de la chair, dans toute leur complexion dont le réel
même en fait la valeur et sa vérité la beauté.
Ouverture de l'exposition tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h, avec nocturne le mercredi jusqu’à
22h. Fermé le 25 décembre. Prix d’entrée : 11 €, TR 8 € (13-25 ans, familles nombreuses), gratuité pour les demandeurs d’emploi et les bénéficiaires du RSA.