Source : IPSOS
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L’Observatoire Générale de Santé / IPSOS confirme la plupart des grandes tendances identifiées l’année dernière : les Français restent très majoritairement satisfaits de la qualité des soins garantie par leur système de santé.
- Pour la très grande majorité des Français, la qualité des soins en France demeure satisfaisante (88% ; -2 points par rapport à 2009), voire même « très satisfaisante » (18% ; stable).
- Pour 63% d’entre eux, la qualité des soins s’est d’ailleurs améliorée au cours des 10 dernières années (+2 points).
- Les Français souhaitent que la qualité et la sécurité des soins restent la priorité en matière d’efforts et d’investissements (73%), plutôt que la proximité géographique des cliniques et des hôpitaux (20%).
Toutefois, quelques inflexions significatives apparaissent : les Français sont néanmoins plus inquiets quant à l’évolution de la qualité des soins et la pérennité du système.
- Près de 6 Français sur 10 se disent aujourd’hui inquiets lorsqu’ils pensent à la qualité des soins en France dans 10 ans (59% ; +4 points). Parmi eux, 13% se disent même très inquiets à ce sujet (+2 points).
- De même, la qualité associée au système de santé s’érode (37%, -4 points) tandis que les inégalités perçues (15%, +2 points) et la complexité (15% ; +4 points) progressent.
Par ailleurs, les Français jugent le coût de la santé déjà élevé.
- Aux yeux des Français, la principale faiblesse actuelle du système est sa chèreté : 62% considèrent que le montant du « reste à charge » est une faiblesse du système. Pour 21% d’entre eux, il s’agit même d’une faiblesse « très importante ».
- Plus de deux Français sur trois considèrent que ce qu’ils ont à payer pour se soigner est cher (69%), voire même « très cher » (pour 22% d’entre eux). Le coût des soins dentaires et de l’optique (lunettes et lentilles) est jugé particulièrement prohibitif (respectivement 66% et 65% des Français les jugent « très chers »).
- Les tarifs et cotisations des mutuelles constituent cependant la dépense de santé qu’ils jugent la plus chère (40%), devant le reste à charge (28%) et les cotisations sociales qu’ils payent à l’Etat (28%).
- Globalement, entre ce qu’ils payent pour le système de santé (honoraires des médecins, médicaments, cotisations sociales…) et ce qu’ils reçoivent en retour comme soins, les Français s’estiment davantage perdants (36%) que gagnants (22%).
Dans ce contexte, les Français reconnaissent la gravité de la question du déficit de la sécurité sociale et semblent désormais avoir une conscience accrue des facteurs qui concourent à ce déficit
- Si 55% des Français considèrent que le déficit de la sécurité sociale est un problème grave qu’il faut régler d’urgence, 41% jugent qu’il s’agit d’un sujet de préoccupation important mais qu’on a parfois tendance à exagérer, sans doute parce qu’ils redoutent une hausse du coût de la santé dont on a vu qu’il leur paraît déjà élevé.
- Selon eux, les raisons structurelles (et notamment démographiques) ne sont pas les principaux facteurs explicatifs de l’augmentation des dépenses de santé. Ils considèrent avant tout que cette hausse s’explique par les abus et fraudes des patients (52%) et la mauvaise gestion du système (46%).
- Logiquement, combattre les abus et gaspillages des patients est donc la mesure jugée la plus efficace par les Français pour lutter contre le déficit (83% jugent cette action efficace, dont 54% « très efficace »). L’efficacité des autres mesures proposées convainc également : que ce soit le développement des hospitalisations de jour ou à domicile (81% jugent cette mesure efficace, dont 37% « très efficace ») ; la réduction des dépassements d’honoraires (77% dont 39% « très efficace ») ou le développement des partenariats public privé (68% dont 17% « très efficace »).
On voit donc émerger une responsabilité citoyenne vis-à-vis des dépenses de santé et les Français sont plus nombreux qu’auparavant à se dire prêts à faire des efforts supplémentaires pour garantir la solvabilité du système.
- Même s’ils ont tendance à relativiser la gravité du déficit, les Français sont vraisemblablement suffisamment inquiets pour envisager, à 51%, une hausse des prélèvements et cotisations sociales (29%) ou une baisse des remboursements (22%) plutôt que d’envisager une augmentation de la dette de l’Etat. Cette dernière solution est tout de même jugée préférable par 31% des Français, et en particulier les plus modestes (35% des individus dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1200€).
- Les Français se montrent également davantage enclins à reconnaître l’efficacité des mesures proposées pour résoudre le problème du déficit de la sécurité sociale qu’en 2009 : 27% considèrent que travailler plus longtemps serait la mesure efficace (+6 points) ; contre 26% pour la baisse du niveau des remboursements (+6 points) et 24% pour l’augmentation des cotisations sociales (+7 points).
- Les Français sont enfin davantage prêts que l’année dernière à envisager la mise en œuvre de ces mesures, y compris si elles doivent les affecter personnellement. Ainsi, 42% des actifs se disent prêts à travailler plus longtemps (+13 points depuis 2009 ; le débat sur la réforme des retraites ayant vraisemblablement contribué à cette hausse). Pour 42% des Français, payer davantage de cotisations sociales est également envisageable (+16 points). Ils sont aussi 42% à s’estimer prêts à obtenir des remboursements plus faibles (+14 points). Ces chiffres ne sont bien évidemment pas annonciateurs d’une acceptation aisée de telles mesures au cas où elles seraient prises, mais traduisent malgré tout une évolution importante des perceptions.
Malgré cette prise de conscience salutaire, l’un des enseignements de l’étude est l’effort de pédagogie nécessaire pour résoudre le décalage entre la connaissance du système de soins par les Français et sa réalité économique.
- Pour une majorité de Français (55%), les patients seront appelés à jouer dans les années à venir un rôle plus important dans la prise en charge de leur propre santé. Plus actifs, ces « nouveaux patients » seront aussi mieux informés sur les risques et les comportements à adopter pour protéger leur santé (49%).
- Une meilleure information des patients est d’autant plus cruciale que la méconnaissance des Français en matière de coût réel des soins est aujourd’hui patente. Les Français sous-estiment ainsi de manière très importante le coût d’une journée d’hospitalisation : ils la chiffrent en moyenne à 498 €, soit au minimum deux fois moins que son coût réel.
- Or, vraisemblablement conscients de leur connaissance lacunaire du coût des soins et de l’importance de la responsabilisation de chacun, 91% des Français trouveraient normal de connaître le coût précis supporté par la collectivité pour leurs propres soins (dont 70% « tout à fait normal ») même s’ils leur sont entièrement remboursés.
- Ils souhaitent également la mise à disposition d’outils de comparaison officiels : 88% jugent souhaitable une information officielle permettant de comparer les tarifs, les prestations et les dépassements d’honoraires des médecins et des structures de soins (dont 50% « tout à fait souhaitable ») et 69% considèrent souhaitable un classement officiel des établissements hospitaliers élaboré par le Ministère de la Santé (dont 30% « tout à fait souhaitable »).
- Au total, l’édition 2010 de « l’Observatoire Sociétal de la Santé » fait apparaître des Français davantage disposés à faire eux-mêmes des efforts supplémentaires et convaincus de l’importance d’un comportement responsable de la part des patients. Les Français semblent ainsi prendre progressivement conscience du rôle citoyen que doivent jouer les assurés / usagers.