Au-delà de la réunification, l’Allemande fête sa dernière contribution aux dommages de la Première guerre mondiale.
Ce qu’on sait moins, c’est que ce 3 octobre 2010, c’est aussi une date économique et historique importante pour l’Allemagne non pas en raison des suites de la Seconde guerre mondiale, mais des suites de la …Première guerre mondiale.
L’information a été donnée dans le journal matinal du 29 septembre 2010 sur France Musique. C’est sûr que c’est à des années-lumière de l’info capitale du monde, à savoir le dernier lapsus d’une ancienne garde des sceaux. Elle reprend en fait un communiqué de l'AFP qui date du 2 décembre 2009 reprenant les déclarations de Boris Knapp, porte-parole de l'Agence financière allemande (qui gère le service de la dette de l'Allemagne), pour annoncer que l'Allemagne allait avoir un endettement record en 2010.
La voici : l’Allemagne termine, ce 3 octobre 2010, le paiement de sa dette due aux dommages de le Première guerre mondiale. Presque quatre-vingt-douze ans après la fin de la guerre.
Cela correspond aux intérêts sur les obligations étrangères émises entre guerres qui ont permis à l’Allemagne de récupérer de l’argent pour payer les réparations des Alliés.
Le Traité de Versailles (signé le 28 juin 1919) avait été très ferme contre l’Allemagne (ce qui a incité les Allemands à mal tourner, la suite est connue…). Les dommages de guerre avaient été estimés à deux cent vingt-six milliards de marks-or (équivalents à quatre-vingt-seize mille tonnes d’or) réduits à cent trente-deux en 1929 (dont la moitié destinée à la France).
L’effort était tel que l’Allemagne a sombré dans la crise économique après le crash de 1929. En 1931, les remboursements avaient donc été interrompus. En 1933, Hitler refusa bien sûr de les reprendre.
Entre temps, en 1932, le "moratoire Hoover" annulait les réparations mais il restait à l’Allemagne les emprunts à rembourser : trois obligations, Young émise en 1924, Dawes et Kreuger émises en 1930.
Jusqu’en 1952, l’Allemagne fédérale avait payé près d’un milliard et demi de marks aux Alliés.
En 1953 (par l’Accord de Londres), pour être plus doux qu’au Traité de Versailles, les Alliés avaient accepté d’attendre une improbable réunification avant de faire payer les intérêt qui avaient couru de 1945 à 1952 (soit cent vingt-cinq millions d’euros). Le remboursement devait se faire sur vingt ans.
À partir du 3 octobre 1990, date de la Réunification, l’Allemagne a donc remboursé ces intérêts (environ cinquante-six millions d’euros pour 2010, deux cents millions en tout entre 1990 et 2010). Jusqu’à ce 3 octobre 2010.
C’est amusant de savoir que François Mitterrand avait freiné tant que possible la Réunification allemande en 1990. Ce comportement n’était pas forcément de l’intérêt financier de la France.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (1er octobre 2010)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Les 20 ans de la chute du Mur de Berlin.
Un livre intéressant sur le sujet : "Les réparations allemandes et la France" d’Étienne Weill-Raynal (éd. Nouvelles éditions latines, 1947, 700 pages).
Et deux articles issus de la presse allemande.
Germany closes book on World War I with final reparations payment.
(L’Allemagne tourne la page de la Première guerre mondiale avec le dernier paiement des réparations).
Deutschland zahlt noch für den Ersten Weltrkrieg.
(L’Allemagne paie encore pour la Première mondiale).