Dans le renouveau de la rubrique « l’ours et le loup » du blog « balourdises », voici un conte du Poitou, pas piqué des vers ! :
LE RENARD ET LE LOUP
Le loup dit au renard : « Ah ! ben donne-moi donc de ton fromage, va ! »
Mon renard, près d’une font, était monté sur un chêne qu’était cintré et il avait monté avec lui une grosse pierre blanche qui ressemblait au fromage.
Le loup qui ne cessait pas :
-« Oh ! donne-m’en donc, va ! Donne m’en donc de ton fromage !
-« Ah ! t’en veux donc ? Qu’il dit. Allons approche-toi là ben droit ; bade (ouvre) la gueule.
Le voilà qui s’approche bien près du chêne et d’la font.
Voilà mon renard qui jette cette grosse pierre dans sa gueule, lui casse toutes les dents ; il ne put la tenir ; tombe dans la font :
« Oh ! qu’l est dur ton fromage, renard !
-« Ah ben ! à c’t’heure, faut que tu tarisses la font pour le trouver, pour le manger !
Voilà qu’il se met après boire. Tant mais il en buvait, tant mais il y en avait. Voilà qu’il en but tant que la peau du ventre lui en péta. Une colique, qu’il ne pouvait pas supporter ; il se rollait (roulait) partout, se rollait partout.
-« Ah ! qu’i ai de malheur ! I seus (suis) mort ; la colique me tue ; i peux pas ranger (tenir) dans ma peau de ventre !
-« Ah ! arrête, arrête ! Viens avec moi ! i m’en va te faire guérir !
Voilà mon renard qui l’emmène derrière des buissons, qu’y avait beaucoup de bergères et des chiens qui gardaient leurs troupeaux. Il le fait passer par un pas, pour sauter, pour prendre une ouaille (agneau ?)
Mon renard va bien vite du long des bergères ; se met à avertir les bergères :
« Guette, guette ! les bergères ! le loup qu’est après vos ouailles ! guette !
Voilà les bergères, elles se lèvent, et les chiens.
Elles jettent les coiffes et courent après le loup. Le malheureux loup à se sauver, avec les chiens toujours sur lui.
Ah ! elles le firent guérir ! Il en pissait, foirait partout ! les chiens lui arrachèrent la queue.
Plus tard, le loup qui n’avait rien dans le ventre, aurait bien voulu manger. Les voilà partis tous les deux à la chasse. Ils tombèrent sur une grosse treue (truie) et la tuent. Le renard en mange un petit morceau, puis s’en va faire un détour. Le loup, à son tour, mange tout son plein ventre.
Le renard revient un moment après et voit que la truie était toute mangée.
-« Méchant gourmand loup ! tu m’as ben fait la farce ! D’au tandis qu’allais tenir mes fillious, tu venais manger la treue, toi ! »
-« Oh, n’est pas vrai ! ol (c’) est bien toi, mais, qui l’a mangée !
-« N’allons –ou savoir, si ol est moi ou toi ; n’allons nous coucher ; et puis celui qui aura pissé sous lui demain matin, c’est ben lui qui l’aura mangée.
Dans la nuit mon renard se lève ; il s’en va pisser une bonne dalée (quantité ?) entre les jambes du loup. Le matin quand ils furent réveillés, a fallu visiter les places, lesquels avaient pissé sous eux. Voilà mon renard :
« Tu vois bien que ce n’est pas moi qui l’ai mangée ! tu vois ben ! ma place est sèche. Viens voir la tienne. Ils regardèrent dans la place au loup. C’était tout mouillé, tout mouillé !
-« Ah ! tu vois bien que c’est toi qui l’as mangée complètement ! ah ! coquin de loup, tu mériterais qu’i te ferais fusiller !