En lisant La Presse le weekend dernier, j'ai eu une révélation. Dans l'excellent reportage de Marie-Claude Malboeuf sur les signalements d'enfants à la DPJ faits par leurs propres parents, une intervenante expliquait que derrière les comportements jugés épouvantables des enfants, il y a surtout le laxisme des parents. «Ils ont baissé les bras alors que c'est leur rôle de pousser et de dire non. Ils ont mal encadré leur enfant, ils en ont fait un enfant-roi. La DPJ ne peut pas reconstruire ce qui n'a pas été fait avant.»
J'ai été témoin d'une scène particulièrement saisissante l'autre jour avec mon JeuneHomme. À l'heure du conte, une petite fille menait le diable. PetiteReine avait décidé de ne pas aller s'asseoir et écouter l'histoire. Non! PetiteReine avait choisi d'aller jouer sur un jouet (sonore! en plus). Elle est passée devant sa mère en lui lançant «Tu ne m'arrêteras pas!», «Non, je ne vais pas écouter l'histoire!», «T'es même pas capable de me poursuivre!». J'avoue que moi, il y a longtemps que j'aurais pogné les nerfs. Solide. PetiteReine défiait sa mère, riait de son autorité (inexistante?) et gâchait l'heure du conte d'une dizaine d'autres enfants. Malgré les demandes de l'animatrice de l'heure du conte, PetiteReine continuait de piocher sur son jouet. MolleReineMère, elle, ne faisait rien assise pas très loin d'elle. Elle a essayé d'attraper sa descendance par le bras, sans succès. Pire, PetiteReine a avancé ses dents prêtes à mordre. Essayait tant bien que mal de lui faire des simili-gros-yeux. Ehh boy! On s'entends-tu que des gros yeux pour PetiteReine, ça ne doit pas l'énerver ben ben...
4-5 ans, cette enfant! Sérieux, c'est sûr que ça ne s'améliorera pas en grandissant à moins d'un miracle.
Peut-être que cet enfant terrible est encore pire que cela à la maison? Peut-être que la mère savait que si elle intervenait, la crise multiplierait en intensité et que ce serait trois fois pire? Peut-être qu'il y a un facteur atténuant que je ne sais pas. Peut-être que j'ai jugé trop rapidement. Peut-être, mais est-ce aux parents d'intervenir quand ça se produit? Qu'est-ce qui excuser tout cela? Qu'est-ce qui peut faire qu'on lâche comme parent? Qu'est-ce qui peut faire qu'on tolère un tel comportement?
Je l'avoue, j'en ai très peu de limites envers des enfants qui dérangent les autres de leurs caprices d'enfant-roi. Très très peu. Et je suis sévère envers leurs parents. De la discipline, ça ne commence pas à 5 ans! Eux, croient probablement que oui. J'ai toujours été vu comme la maman la plus sévère. À 14 mois, en même temps que MissLulus commençait à se gambader un peu partout dans la maison, elle a fait connaissance avec «LA chaise de punition». Et elle y est allé quelques fois. «Non! Tu ne peux pas lancer des morceaux de bouffe ni ta fourchette de la chaise haute!» Bien des parents me disaient «Oh! Nous, on trouve cela drôle!». Ben, pas moi! Non! Tu ne lyres pas. Non! Tu ne pousses pas! Non! Tu ne cries pas! Non! Tu n'es pas impolie. LA chaise n'a pas duré longtemps, MissLulus a compris.
La chaise, c'est confondant! Un jour, la grand-mère de MissLulus a essayé de la faire asseoir dessus pour lui mettre ses souliers. MissLulus a toujours refusé! Donc, à JeuneHomme, elle a été remplacé par LE tapis de punition. Tout aussi efficace. «Tu fais une crise? Fais-la sur le tapis et moi, pendant ce temps-là, je ne m'occupe pas de toi. Sors du tapis quand tu seras calme...», «Non! Tu ne tapes pas ta soeur!», et ainsi de suite! Il y a longtemps que je ne l'ai pas ressorti.
Bien sûr que la discipline ne protège pas des dérapages. Mais il me semble que mettre des limites claires, c'est mettre une petite chance de plus de notre côté. Je ne dis pas que c'est facile. Punir ne l'est jamais. J'ai souvent eu le coeur en bouette en chicanant mes enfants, mais en même temps je me disais que je ne pouvais pas ne pas intervenir. J'ai même versé quelques larmes en cachette me disant que j'exagérais peut-être. Punir, intervenir, discipliner, encadrer, c'est de l'ouvrage. Bien plus que de fermer les yeux pour prier que la tempête passe. Parce qu'un jour, la tempête sera bien plus grosse que nous et que je ne veux pas abandonner mes petits au milieu d'un tel ouragan car je n'aurai plus la force de les supporter...