30 - 09
2010
"A l'âge d'Ellen" ("Im Alter von Ellen") de Pia Marais et "Everyone else" ("Alle anderen") de Maren Ade (sortie le 8 décembre 2010)
Affluence pour l'ouverture mercredi soir au cinéma l'Arlequin du 15° festival du cinéma allemand à Paris avec "A l'âge d'Ellen" de la jeune réalisatrice Pia Marais, film atypique qui a, en outre, la particularité d'entendre l'actrice française Jeanne Balibar parler un allemand impeccable. Projection précédée d'un court-métrage en allemand non sous-titré... "Der Ampelmann" ("Le Flic au feu rouge") mais tellement visuel qu'on comprenait quand même l'essentiel.
Une hôtesse de l'air apprend de son compagnon qu'il attend un enfant d'une autre. Choquée, elle quitte la maison. Puis, quelques temps plus tard, elle descend subitement d'un avion qui allait décoller, se fait renvoyer par la compagnie d'aviation pour laquelle elle travaillait depuis vingt ans. Cet avion avait été retardé par un léopard sur la piste de décollage et Ellen avait entrevu l'Afrique, facteur déclenchant de la suite de l'histoire. Tandis qu'elle se déconstruit socialement, ayant peu à peu laissé derrière elle famille, logement, travail, Ellen se reconstruit moralement, se revalorise mentalement, notamment en s'intégrant à un groupe de jeunes altermondialistes versés dans l'agro-alimentaire, s'offrant au passage une fausse vraie histoire d'amour avec l'un d'entre eux. Portrait d'une femme hyper-civilisée qu'un choc affectif fait revoir son échelle des valeurs, prenant conscience de la vanité d'une vie à seule visée de confort affectif, matériel, quête identitaire tardive, un sujet intéressant mais le film assez dilué, flou, filmé un peu comme ça vient, n'a pas fait l'unanimité.
Jeanne Balibar dans "A l'âge d'Ellen"
Poursuite avec un film qui a obtenu deux prix à Berlin : prix d'interprétation féminine et prix du jury : "Everyone else" de la réalisatrice Maren Ade dont c'est le premier long-métrage, nettement plus maîtrisé.
L'histoire d'un couple de trentenaires en vacances en Sardaigne qui ne regarde pas dans la même direction, loin s'en faut. Chris, architecte doué et idéaliste, bobo issu d'une famille fortunée, refuse de faire des concessions et, en conséquence, n'a pas de travail ; avec Gitti, aux centres d'intérêt aux antipodes des siens, il ne partage pas grand chose d'autre qu'une sexualité dont il se plaint aussi parfois, refusant d'habiter avec elle, rétif à tout projet commun. Gitti, elle, petite bonne femme pragmatique et généreuse, n'a qu'une idée en tête : aimer Chris et qu'il lui réponde qu'il l'aime aussi. L'irruption d'un couple atrocement snob, Hans, architecte de la promo de Chris, et sa compagne Sana, styliste connue, va, dans un premier temps, gêner Chris qui a honte de Gitti, pas chic, pas branchée, qui ne joue pas le jeu des mondanités blasées. Mais, ensuite, paradoxalement, la réunion du couple snob et de Gitti dans la maison de Sardaigne va éclairer Chris sur les défauts et les qualités de chacun ; entre la vanité de ce milieu tendance, le sien, et l'authenticité de cette femme inconditionnellement amoureuse, qui trouve normal tout ce qu'il redoute, il va revoir sa copie.
Une atmosphère asphyxiante, conflictuelle, une actrice assez étonnante (Birgit Minichmayr) dans le rôle de Gitti : à la fois exaspérante et attachante, inspirant agacement et compassion, elle finit par remporter l'adhésion du spectateur comme Gitti celle de Chris. Mais le film, malgré une mise en scène nickel, est essentiellement bavard, des kilos de dialogues, un immense tête à tête avec heureusement les scènes (trop rares) avec le second couple. Quant à la fin acrobatique, on aurait préféré simple...
"Everyone else" (photo Why not productions)
Mots-clés : avant-Premières, CinéFestival, cinéma allemand, A l'âge d'Ellen, Pia Marais, Everyone else, Maren Ade