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Lettre à Mélanie et Lorenzzo Betancourt. Une si cruelle attente.
Publié le 01 janvier 2008 par Sarah Oling
Ce matin, j’ai la gorge
nouée, pas vraiment le cœur au renouveau. Je me souviens particulièrement de votre visage, Mélanie, sur un plateau de télévision, il y a quelques jours. Au journaliste qui vous demandait ce que
vous faisait la libération annoncée de trois des otages des FARC, vous répondiez avec la douce fermeté qui vous caractérise que c’était un vrai espoir pour le possible retour de votre maman.
Aujourd’hui, même si les négociations continuent, ni Clara Rojas, ni son fils, ni Consuelo Gonsalez ne sont sortis de la jungle, cette opaque et inaccessible prison qui les retient, avec, entre
tant d’autres Ingrid Betancourt, votre mère.
Et je songe à vous et à
Lorenzzo qui depuis plus de six ans connaissez, à un âge si tendre, la notion de distorsion du temps et de l’espace. Vous avez fait des médias une agora, portant partout avec force et vigueur
votre parole vive et vibrante. Vous n’avez pas attendu que l’on vous offre un espace d’expression, vous l’avez voulu, apprivoisé, puis conquis, élevant ainsi un rempart contre l’indifférence et
l’oubli.
C’est long, six ans. Six ans à vous exposer, parlant inlassablement de cette mère mythique, évidemment mythique, créant ainsi une telle proximité avec Elle, que tant de passerelles à travers le
monde se sont bâties pour permettre à vos mots de résonner. Mais lorsque l’œil des caméras se détourne, que la lumière s’éteint sur les plateaux de télévision et que les micros s’abaissent, c’est
à ce moment que parfois je tente de vous rejoindre par la pensée. Ingrid redevient alors certainement celle qui n’appartient qu’à vous, dont vous connaissez chaque expression, chaque
geste.
En ce premier matin de l’an 2008, j’ai voulu passer avec vous quelques instants, Mélanie, Lorenzzo et vous dire que je
forme le vœu qu’enfin vous puissiez retrouver le cours de votre vie, parce que votre mère vous aura été rendue, permettant ainsi de recréer cette bulle matricielle, depuis bien trop longtemps
éclatée
Sarah Oling