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Le "Mystère" des hommes et des dieux

Par Sijetaisdeboutsurmatete
Le Plus de trois semaines après sa sortie (le 8 septembre) Des hommes et des dieux, Grand Prix de Cannes 2010 enregistre au box office plus de 1,4 million d'entrées. Soit mieux qu'Un prophète, Grand Prix de Cannes 2009 (plus de 500 000 spectateurs en 15 jours). Comment un film à la mise en scène relativement simple ponctuée des chants sortis des gorges de sept hommes en robes de bure peut-il autant séduire ?

L'idée de porter à l'écran les dernières années des moines trappistes de Tibhirine est celle du producteur, Étienne Comar. Sans dire que le scénario était de lui, il l'a fait lire à Xavier Beauvois pour lui demander si l'histoire lui semblait "vendable". Le réalisateur lui a fait savoir son intérêt ; il avait déjà à son actif plusieurs films à résonance "christique". Non par foi, simplement parce qu'il '[fait] des films sur des sujets [qu'il] ne comprend[s] pas très bien". Alors pour comprendre, il est parti vivre avec les comédiens dans la communauté de Tamié, il a lu les lettres laissées par les moinées morts en 1996 et l'enquête de John Kiser, Passion pour l'Algérie : Les moines de Tibhirine. Les lettres ont servi à forger les dialogues et le texte d'adieu du père prieur, écrit dans une langue d'une grande pureté, est le point final de l'œuvre. L'on comprend alors que la communauté monastique, implantée depuis la fin des années 30 au dessus du village le protégeait en s’y fondant : le Frère Luc soignait et distribuait patiemment médicaments et vêtements, ses confrères écrivaient pour les villageois, enseignaient, priaient, participaient, anoraks noyés dans la foule, aux cérémonies musulmanes. Ils partageaient tout jusqu'à la peur des terroristes lorsque ceux-ci ont commencé à ensanglanter la région dès 1993, laissant aux bords des routes des hommes et des femmes aux gorges tranchées et la colère de l'armée. Commence alors le long cheminement des moines pour savoir s’il faut partir ou rester, un Golgotha qui après les diviser les unira en une [cène] portée par une œuvre profane, Le lac de cygnes de Tchaïkovski. Au final, peut-on comprendre... ce qui a poussé ces moines à donner leurs vies ? Leur foi œcuménique emmenée, d'après ce film, par celle, trop folle ou trop sage, du père prieur (des dieux), alliée à une immense empathie pour leurs frères du village (des hommes) ? Mystère de la foi,ou de la psychologie humaine, peut-être est-ce cet abîme, et ce qui en résulte, le don de soi, qui séduit les âmes ?


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