Reality Check

Publié le 29 septembre 2010 par Toulouseweb
La croissance du trafic aérien tend ŕ se tasser. Normal.
Il est de bon ton de critiquer le comportement des médias, toujours pręts ŕ utiliser un ton emphatique, ŕ gonfler un détail sans importance, ŕ focaliser sur quelques mots mal choisis, cela au point de tordre la réalité et d’induire l’opinion publique en erreur. Il Ťsuffitť de se comporter en citoyen averti pour déjouer de tels travers, encore qu’il leur arrive d’ętre habilement dissimulés.
Ces propos viennent ŕ l’esprit au moment oů sont publiées les statistiques de trafic de l’IATA pour le mois d’aoűt. L’association annonce en titre un ralentissement de la croissance, sur un ton péremptoire qui laisse supposer de mauvaises nouvelles. Il n’en est rien, on va le voir, mais il est quand męme indispensable de procéder, selon la terminologie anglo-saxonne, ŕ un Ťreality checkť. De quoi parle-t-on, comment et pourquoi ?
Pour faire simple, la conjoncture étant meilleure, l’industrie des transports aériens tend ŕ combler son retard, ŕ rattraper une croissance dont elle a été privée pendant deux ans. D’oů l’emballement des chiffres, ŕ commencer par ce pic enregistré en juillet, +9,5%. Il ne faut pas ętre grand clerc, pas męme analyste, pour comprendre immédiatement qu’un tel tempo ne pourrait pas ętre maintenu pendant plus de quelques semaines. Et, effectivement, en aoűt, la croissance est redescendue ŕ 6,4%. Un trčs bon niveau, au demeurant, nettement supérieur ŕ la moyenne attendue ŕ long terme, męme en configuration bonne conjoncture.
Dans ces conditions, il est important de ne pas tirer de conclusions, ni hâtives, ni ŕ tęte reposée. Ceux qui sont tombés dans le pičge ont évidemment eu tort. Dans c’est esprit, on est aussi en droit de s’interroger sur un commentaire de l’IATA, laquelle estime que la confiance des consommateurs n’a toujours pas retrouvé un niveau qui lui permette de soutenir la croissance. S’il s’agissait lŕ d’évoquer la conjoncture au sens large, on pourrait comprendre. Si la remarque était limitée au monde aérien, on ne comprendrait plus.
En s’efforçant de prendre du recul, ce qui n’est pas facile, on constate une fois de plus que l’accélération du commentaire (et non pas des événements auxquels il s’applique) n’a pas de sens, pire, affiche des effets pervers. On ne le dira jamais assez, le transport aérien est une industrie lourde, marquée par une forte inertie, en męme temps que fragile et en situation de grande dépendance vis-ŕ-vis des aléas de la conjoncture. Dčs lors, il ne saurait ętre question de formuler une appréciation sur sa situation, son évolution, en se contentant d’examiner les chiffres du jour.
Mieux vaut retenir que la reprise est réelle. D’autant que les compagnies européennes reprennent enfin des couleurs, elles aussi. Elles étaient pour la plupart ŕ la traîne, par rapport ŕ celles d’autres régions du monde. Les voici qui retrouvent une croissance de 5% environ, d’autant plus salutaire qu’elle était attendue avec impatience. La croissance est donc bien lŕ, pour tout le monde.
Pierre Sparaco - AeroMorning