Investir dans la bouteille est une manière différente de préserver son argent de manière « sûre ». Mais le monde de la dégustation ne se perdrait-il pas dans les méandres de la spéculation vignoble, celles des actionnaires et des nouvelles industries massives du vin ?
De plus en plus d'investisseurs d'Asie ou d'Amérique mettent la patte sur les bons vins, mais surtout sur le vin espagnol ou le Bordelais. Par exemple, ce dernier, millésime 2009, vient de faire grimper sa valeur à plus de 300%, et cela malgré les temps de crise.
En effet, aucune incidence économique, médiatique ou politique, n'a eu d'effet sur le prix du vin. Par exemple, lors de la grande crise, les principales actions américaines ont perdu 50% de leur valeur, alors que celles du vin représentent seulement 20 % de perte.
Quel dommage de décrire une richesse culturelle comme un intérêt économique !
Jacques Perrin, fondateur du Club des amateurs de vin suisse, défend le caractère symbolique du vin helvétique et regretterait fortement qu'une valeur spéculative empiète sur la valeur culturelle : celle de l'artisanat. Heureusement, affirme notre amateur de vin, qu'en Suisse la production et la commercialisation sont dirigées en majorité, non pas par des Golden Boys, mais par les artisans eux-mêmes.
Si Jacques Perrin est confiant, c'est parce que d'une part, les exportations suisses de vin ne dépassent pas les 1%. En fait, tout s'équilibre principalement sur un marché intérieur. D'autre part, les vins français, ou allemands, par exemple, ont plus de notoriété en matière d'appréciation que le notre. Ce qui préserve le vin suisse de la spéculation internationale.
Il existe cependant en Suisse, l’entreprise « Au bonheur du vin suisse » qui propose « la naissance d'une cave ». Ce service s'adresse en premier lieu aux jeunes parents: on leurs garde une ou plusieurs bouteilles qui correspondent à l'année de naissance de leurs enfants et dont on utilisera plus tard lors de la célébration d’un événement important. Cette date symbolique ne néglige pas le vieillissement du vin, le goût et, par conséquent, sa valeur croissante.
Est-ce également une manière d’épargner son argent ?
Effectivement, ce service peut également représenter une banque avec un taux d'intérêt élevé selon le vieillissement et le cépage de l'or liquide qu'elle garde. Une manière sûre d'épargner son argent lorsque les crises explosent et les devisent chutent...
Espérons que le vin helvétique ne sera pas bouchonné par les millions d'actionnaires asiatiques, et que notre culture restera dans les mains des artisans, car, avec les nouveaux accords bilatéraux, nous ne sommes à l'abri de rien. Une chose est sûre, si le scénario catastrophe venait à arriver, les artisans suisses ne mettrons jamais d'eau dans leur vin.