Paranoïa ? Comment vivre avec.

Publié le 30 septembre 2010 par Chapitre5.com

Depuis le début 2008, les marchés n’ont rien fait. Le CAC a oscillé entre 4080 et 2700. Normal. Les nouvelles macro semblaient plutôt négatives sur tous les sujets : aux USA, apparition durable du chômage de longue durée ; immobilier toujours en baisse, surtout depuis que les primes sont supprimées; inflation à 0,% ; deleveraging général pour les consommateurs; rareté des emprunteurs solvables et des projets réalistes pour les banques qui regorgent de liquidités. Et un endettement public record qui consomme les marges de manoeuvre des gouvernements. Même scénario dans le reste de l’OCDE.

Et l’horreur, comme toujours dans l’histoire :  début d’une “guerre” sur les changes (a dit Mr. Lulla). Dans une guerre, les plus faibles se font tondre. La Fed menace de créer de nouveaux trillions de $ pour arroser son économie;  la Chine s’accroche à sa parité fallacieuse; le Japon réagit; le Brésil investit. Mais en Europe, des foules manifestent contre tout et l’ administration de Buxelles ne songe qu’à libéraliser encore plus (les opérateurs de téléphonne devraient faire moins de profit) ……Le mouton à tondre semble évident.

Bref , toutes les conditions semblent réunies pour la peur et donc, des ventes massives d’actions. D’ailleurs, l’essentiel de l’épargne se dirige vers les obligations même à rendement nul (surtout après impôts!).

Pourtant, les marchés d’actions se tiennent bien. Le marché sait-il quelque chose que les économistes ne savent pas ? Et “le marché a toujours raison”.

Bémol: selon Keynes , “le marché peut rester irrationnel plus longtemps que vous ne pouvez demeurer solvable” . S’il s’agit d’optimisme irrationnel, comme disait Mr. Greespan, la chute est probable. Ce serait  la “destruction créatrice” avant un redémarrage. Mais peut-être y a t-il autre chose.

La dernière chose dont les banques centrales et les autres ont besoin, c’est d’ un nouveau krach. Ont-elles le moyen de l’empêcher? Il y faut  des liquidités car les marchés aiment ça.  Des ordinateurs. Et des “correspondants” puissants sur les marchés. Elles ont tout ça.

Les volumes traités en actions sont faibles en comparaison de ceux des obligations. Surtout ces derniers mois. Les programmes automatiques d’achat des principales salles de marché , avec flash trading et program computing, sont réglés sur les mêmes algorythmes . Leur  poids  est devenu prépondérant . D’autant plus que les gérants privés sont peu investis, ce qui les met mal à l’aise devant leurs clients quand le marché monte  : “Je ne vous paye pas pour m’acheter des bonds du trésor US ou BCE” ! Et le client est roi, il faut donc acheter un peu, même si on n’y croit pas. Et puis on rebaisse.  Au total,  un jeu à somme nulle, sauf pour les salles de marché: elles vendent ou achètent de la volatilité. Leurs profits au 1er semestre ont battu des records. Elles embauchent à nouveau ; malgré les injures du ministre Britanique des finances !

Ce jeudi 30/09, c’est évident.

Ca peut durer.  Jusqu’à ce que la dépression économique en Occident soit terminée, encore 4 ans ? Les indices auraient déjà trouvé une fourchette d’ environ 25% autour de leur moyenne 100 bourses.

 Il n’ y a rien eu à gagner entre 1968 et 1981 sur le Dow Jones ni sur le  CAC . Et de nouveau depuis 2002. Ca fera encore une décennie  de perdue.

Les pro  gagnent bien  leur vie dans un bear market séculaire. 

Mais pas les clients. Ils veulent du revenu.  Si les BT n’en donnent pas, non plus que les obligs prudentes, il faut prendre un risque: celui des actions à gros dividendes et perspectives bien visibles . Celles qui sont les moins volatiles et  donc, n’intéressent pas les ordinateurs/traders. C’est notre stratégie.

Et on peut commencer d’envisager les actions dans les pays ” émergents”. Qui sont déjà émergés … d’ailleurs. La croissance ne s’y est pas arrêtée au contraire de chez nous. Car les besoins de leurs consommateurs sont loin d’être saturés. Et beaucoup de sociétés du SPII ou de l’eurostoxx y produisent. La dévaluation compétitive du $ les laisse indifférentes : leurs chiffres d’affaires et leurs profits sur ces nouveaux marchés se réévaluent avec  la baisse du change. C’est neutre pour leurs bilans, et c’est bien le problème de la Fed : dévaluer comme en 1933 est devenu inopérant dans un univers de sociétés mondialisées. Voyez notre post précédent…

Si ces entreprises respectent leurs actionnaires par de  bons dividendes, il y a  du sens à en acheter. En cas de nouvelle panique, le risque demeure faible puisqu’ elles sont saines. Plus faible que celui des obligations. Car leur bulle crèvera en cas de succès de la politique de la Fed: inflation et donc hausse des taux.  Donc, si on croit à la reprise, il faut s’en abstenir ; et si on n’y croit pas, leur rendement est trop faible pour nourrir nos retraites et faire grossir notre capital . Même conclusion opérationnelle.

Ce raisonnement permet de sortir de la paranoïa “les marchés sont manipulés” . Possible , mais il faut savoir vivre avec .